Si vous ne connaissez rien à la scientologie, à part que Tom Cruise et John Travolta s’en réclament, ce petit livre vous sera utile. Je l’ai pour ma part lu avec curiosité. On peut aussi bien se penser agnostique et s’intéresser aux activités de ses contemporains, entre autres leurs croyances et leurs pratiques. Le fait religieux ne peut laisser indifférent.
Paru dans la collection Mystères & religions aux éditions Pierre Guillaume de Roux, Tout savoir sur la scientologie n’est pas polémique, ne peut pas l’être. L’ouvrage a en effet été écrit par Eric Roux qui est lui-même un évêque de la scientologie, un membre du clergé de cette église. Il nous présente l’histoire de cette religion récente, apparue en 1953 aux États-Unis, et double ce rappel d’un éclairage de l’intérieur sur la doctrine, l’organisation et le fonctionnement du culte. Ce n’est pas qu’un simple plaidoyer pro domo. Ou alors on reconnaîtra que le plaidoyer en question est bien fait, car point trop démonstratif, prosélyte ou prêchi-prêcha. Il n’y aurait pas que les jésuites pour être subtils.
Le premier soin de l’auteur est d’argumenter en faveur de la reconnaissance du caractère religieux de la scientologie. Le but assumé est de tenter de faire le sort des débats, nombreux et vifs particulièrement en France, tendant à lui dénier son statut de religion. La rhétorique est convaincante. Serons-nous convaincus ? De la recherche du bien être en passant par le développement de la conscience, le fondateur Ron Hubbard est arrivé à un dévoilement spirituel et à une métaphysique de l’homme impliquant à l’évidence une mise en pratique de principes dans la vie quotidienne. Nous apprenons que la scientologie n’est pas une religion révélée. Elle ne préexistait pas. En effet, Ron Hubbard l’a développé avec le temps, au fur et à mesure de ses découvertes. Incluant des réminiscences du christianisme et dessinant des idées et pratiques communes avec le bouddhisme, la religion scientologue peut apparaître de prime abord comme un syncrétisme. On laissera le lecteur le soin de se faire sa propre opinion et de se renseigner plus avant. Malgré son titre, le livre d’Eric Roux ne prétend pas faire le tour d’une spiritualité qui en à peine plus d’un demi-siècle a attiré des millions d’individus de par le monde et dont l’audience ne cesse de croître.
On ne peut s’empêcher de constater que cette nouvelle religion fut inventée – c’est encore le mot le plus synthétique qui vienne à l’esprit – aux États-Unis d’Amérique. Est-ce un hasard si elle apparut au mitan du 20ème siècle, au moment même où cette jeune nation établit sa domination culturelle, économique et politique sur le monde ancien ? Est-ce un hasard dans ce pays des Pilgrim Fathers, de la Bible Belt, dont les billets de banque portent la mention imprimée « In God we trust » ? C’est aussi le pays qui bien que riche et puissant, possédant tout et dominant tous, était encore dépourvu de ce que les autres civilisations avaient produit en quantité depuis des millénaires : des prophètes. Il manquait donc cela au pays de la religiosité, où ce n’est pas ce qu’on croit qui importe mais le fait de croire. Vu la dominance mondiale exercée tant par le « hard-power » que par le « soft-power » étasuniens, même s’il arrive à cette dominance d’avoir du plomb dans l’aile, on peut prédire sans être prophète que la scientologie a de beaux jours devant elle. Pour le reste, ce n’est pas la séduction du dogme qui fait la différence, mais la qualité des hommes. Rendez-vous dans deux mille ans. On pourra alors faire les comptes.