À l’heure où dans le microcosme de la poésie française contemporaine, les lilliputiens de l’inspiration se jalousent et oublient trop souvent d’être simplement fraternels au lieu de se considérer comme des rivaux farouches en illusion d’éternité, il serait opportun de relire RUDYARD KIPLING (1865-1936). Cet écrivain anglais récompensé par le Prix Nobel de littérature en 1907, franc-maçon de haute conviction, d’inspiration pseudo-colonialiste sans être exploiteur, soucieux du grand LIVRE DE LA JUNGLE et de ses enseignements, est l’auteur du célèbre poème « Tu seras un homme, mon fils » qui rappelle aujourd’hui encore d’être fort sans cesser d’être tendre. Relire Kipling pour le plaisir, réserve des heureuses surprises. Le poète humaniste, en effet, garde sa fraîcheur et sait émouvoir sans être, par principe, hermétique ! Avec le recul du temps, il y a du militant écologiste chez le créateur de Mowgli qui aime « partir dans le matin nouveau / parmi le pur baiser des vents » et chanter « la claire caresse de l’eau » et « les jeux de mes frères sans maître ».
En général, les poètes qui ne cachent pas une certaine éthique d’inspiration « scoute » sont un peu trop « versificateurs ». Pourtant, l’un d’eux, JEAN DEBRUYNNE (1925-2006) mérite la lecture. Et l’Association fondée autour de son œuvre, intitulée « En blanc dans le texte » 1 , est centrée avec bonheur sur trois objectifs : promouvoir l’œuvre du poète, encourager et faciliter les productions scéniques et artistiques, soutenir les jeunes créateurs par l’attribution annuelle d’un Prix, permettre une Parole qui ne soit pas un lieu virtuel mais celui de la rencontre de l’autre. Il existe en France plusieurs associations de ce type, et nous nous en réjouissons sans hésitation. Tous ceux qui aident à faire connaître les bardes qui défendent un langage, chrétien ou non, dans l’espérance d’humaniser l’humain de l’Homme, comme aurait dit Jean Debruynne, sont des sentinelles qui sauvent le monde de la contagion du pessimisme. Osons donc les remercier.
Jean-Luc Maxence