Les policiers ont peur, ils ont peur des délinquants, des loubards, des dealers, des terroristes qui eux n’ont plus peur de la police depuis belle lurette. Les policiers veulent être protégés. Ils ne savaient pas, lorsqu’ils se sont engagés, que leur métier représentait quelque danger. Ils pensaient que leur carrière serait un long fleuve tranquille. Ils voudraient, les pauvres persécutés, qu’on engage des flics pour les protéger et des flics pour protéger des flics qui protègent les flics.
La police française est pourtant la plus importante des pays européens. On a augmenté son effectif, on lui a même adjoint des militaires pour lutter contre le terrorisme. Pourtant, ça n’est jamais assez. Si les policiers français sont inefficaces, qui est responsable de leur inefficacité ? Ils devraient se poser la question. Ils préfèrent manifester. Ce qui a déclenché leur ire, c’est le geste criminel de voyous qui ont lancé, dans l’intention de tuer, un engin incendiaire dans une voi- ture de police où patrouillaient deux agents qui ont failli griller vif. Le nombre n’aurait pas pu empêcher un tel crime. Ces voyous considèrent leur territoire comme conquis et n’acceptent pas la présence policière qui les empêcherait de se livrer à leur trafic. Je ne vais pas reprendre le constat sur les banlieues délaissées où s’est créée une zone de non-droit. Les policiers n’y interviennent qu’en grand nombre pour y arrêter les indigènes plus en fonction de la couleur de leur peau que de leur degré de délinquance et pour en repartir aussitôt, laissant l’espace libre aux dealers et autres délinquants.
Avoir supprimé la police de proximité fut une grave erreur. Nous n’avons plus que des policiers de repli ou de conflit qui brillent par leur inefficacité. La police, plutôt que de trembler de tous ses membres ou de hurler sur les toits que les voyous sont méchants et que les pouvoirs publics les abandonnent, devrait se poser des questions sur sa propre responsabilité.
Par Maurice Cury