Ce sont des filles sur roulettes qui déboulent. Les bras roulent en même temps que les roues tournent. Lever les bras, se dresser, sortir leurs jambes qui les clouent au fauteuil. Être debout dans leur tête, une évidence, mais, jambes ceinturées dans un fauteuil, un défi.
Le ballon vole de bras en bras avec légèreté et fluidité. Se déroule ainsi un combat d’autos-tamponneuses pour shooter dans le panier.
24 secondes : le temps imparti pour mettre un panier, et c’est un ballet de fauteuils qui virent, roues crissant sur le sol ; elles pivotent avec la grâce des danseuses sur pointes, feintent et, les bras en l’air, le coude en guise de reproche grimacé, s’interposent devant l’adversaire pour garder le ballon.
Et de nouveau la cavalerie des roulettes fonce à l’autre bout du terrain, tête en avant, ahanant, portée par le souffle du public.
Soudain, c’est l’accident, le nez au sol, jambes ligotées, la sportive s’agite comme un poisson hors de l’eau. Commence une reptation pour se remettre à flot.
L’enfant qui tombe se relève, le vieillard qui s’affaisse est aidé, le sportif devant un public venu l’admirer se relève seul ou pas.
L’enjeu des Paralympiques s’incarne dans la chute – la ligne de l’invalidité est franchie avec cette chute : si elle demande de l’aide, elle reste l’handicapée, si elle choisit de ne pas en demander, elle est l’handicapée valide.
Ne sommes-nous pas au cœur du paralympisme : gagner et conserver son autonomie envers et contre tout ?
Alors valide ou invalide, sommes-nous si inégaux ? Qui l’emporte sur l’autre ? Une fois à terre…
Alexandra TOUITOU SENECHI