Arrêtez de célébrer les massacres
Arrêtez de célébrer des noms
Arrêtez de célébrer les fantômes
(…)
Ce sang coagulé
Venin de la haine
Levain du racisme
Ahmed Azeggah, À chacun son métier
Qu’avons-nous appris ? À vivre sans sombrer dans la haine.
René-Jean Clot, Une Patrie de Sel ou Le Souvenir d’Alger
Seul un esprit socratique d’indulgence envers les autres
et de rigueur envers nous-mêmes peut constituer une réelle
menace pour une civilisation fondée sur le meurtre.
Albert Camus, La crise de l’homme – (conférence, 1946, USA), NRF, 1996
On pourrait inventer un mensonge
rond comme un cristal de citron
acide
sur les plaies des bourreaux.
Car dans la terreur des rires le sang inscrit l’alphabet négatif
de l’imaginaire Yggdrasil.
Ni racines humaines, ni fleuves stellaires,
le silence.
Quel poème pour effacer la hantise
des crimes, des peurs, des paroles masquées ?
Quel exercice intérieur pour tracer la verticalité du regard ?
Des êtres solitaires tendent des doigts mutiques
vers l’eau des arbres,
mais quelle sève reliera ciel et terre ?
L’espérance serait l’instant recommencé,
sans passé, sans identité singulière,
corps et conscience pluriels,
gestes simples,
chorégraphie d’âme multiple…
Ailleurs
l’assise du méditant.
Poème extrait d’un recueil inédit : Étrangère synonyme, par Marie-Claude San Juan. Plusieurs textes, dont celui-ci, ont été publiés par la revue À L’Index.