Quand nous nous sommes finalement décidés pour le thème du prochain dossier de Rebelle(s), nous pensions en garder l’appellation simple : « l’Ironie ».
« L’Ironie » : Le mot est à prendre comme pourrait le faire le moraliste, ou avec le sourire au coin de l’œil. À nos yeux, justement, Il s’oppose au « sarcasme » qui sature l’écran médiatique aux heures de grande écoute, antidote illusoire aux désespérances des contemporains.
L’ironie emprunte plus au logos et à l’ethos qu’au seul pathos ; ce dernier étant tout entier mobilisé par le sarcasme. Il est tellement plus facile de moquer l’autre avec un rictus au coin des lèvres qu’avec un sourire au coin de l’œil. C’est le temps des populismes gras et des imprécations pseudo-révolutionnaires. Haïssons, Il en restera toujours quelque chose.
Le sarcasme est atrabilaire, l’ironie spirituelle. Quel pouvait donc être le retour de nos contributeurs à ce sujet ?
Ironiquement, ce sont des textes de poésie qui ont été majoritairement proposés par les auteurs pour ce dossier, alors que Rebelle(s) a longtemps gardé la poésie en lisière. En effet, Jean-Luc Maxence et Danny-Marc – les fondateurs du journal – étant déjà et depuis longtemps des éditeurs de poésie, pour eux Rebelle(s) avait fonction d’élargir l’offre éditoriale à d’autres formes d’expressions, en particulier journalistiques. Mais on ne tient pas les poètes longtemps cois et impavides. Ils finissent toujours par débarquer là où on ne les attendait pas. Comme les vikings, les corsaires ou les doryphores, ils viennent nous piquer nos colonnes dans le journal et la clé de la cave à liqueur.
Les poètes sont donc à l’attaque. Planquez vos bonbons Haribo et vos préjugés. Restez calmes, ils peuvent se révéler avenants quand vous les nourrissez de lumières, de pluie et d’air du temps.
La rédaction