Dans la foulée des séances de Exodus est enregistré l’album Kaya. Bob Marley se retrouve avec le contenu de deux albums. Exodus est l’album militant et Kaya l’album plus léger.
(Lire la partie 1, la partie 2, la partie 3)
L’album Kaya
Même si Bob considère que cet album est moins “militant” que Exodus, il n’en demeure pas moins qu’il est très révélateur de la culture rasta et de la philosophie de la vie propre à cette religion.
Easy Skanking
Kaya : le narrateur est seul dans une maison. La pluie tombe, il se sent bien et fume de l’herbe (kaya ou ganja en argot jamaïcain).
Profitons-en pour aborder un sujet brûlant : la vision qu’ont les rastas de la marijuana. Certains rastas ne fument pas cette plante mais la majorité d’entre eux voient ça comme un acte purificateur de communion avec Jah et un moyen propice à la méditation. Le but “récréatif”, propre aux occidentaux, est franchement absent de leur point de vue. Bob Marley, parmi beaucoup d’autres, a cité l’Apocalypse (22 : 2) : “… l’herbe est la guérison des nations.”
Difficile de savoir comment le fait de fumer de l’herbe a pu devenir un sacrement dans le rastafarisme mais il existe une piste intéressante. Beaucoup d’esclaves originaires du Congo ont emporté avec eux leur religion d’origine, le kumina, qui considère également cet acte comme un sacrement. Les adeptes du kumina étaient très présents dans la même région de Jamaïque que les premiers rastas.
Is This Love. Bob Marley au milieu d’enfants noirs et blancs en Angleterre… Comment mieux résumer sa philosophie : one love, one heart, let’s get together and feel alright !
Sun Is Shining est une ode au soleil et à Jah. Tout à fait fascinant ! Les guitares, par leur thème captivant, ne nous lâchent pas d’une semelle. Carlton Barrett y fait certains de ses plus beaux breaks :
Satisfy My Soul est l’une des plus belles chansons d’amour de Bob Marley avec Turn Your Lights Down Low dans Exodus. Sortie à l’origine en 1970, elle nous revient ici dans sa forme définitive et éblouissante. Outre les paroles qui nous révèlent toute la tendresse dont il est capable, les arrangements sont d’une précision et d’une majesté qui frisent la perfection. L’utilisation de l’alternance tension/aboutissement est particulièrement bien pensée et le dernier pont du morceau en devient tout simplement majestueux :
She’s Gone
Crisis
L’album est d’une fraîcheur revigorante et a beaucoup fait pour faire appréhender et apprécier le reggae aux occidentaux. Il faut bien reconnaitre qu’il a aussi beaucoup servi, pour certains, de fond sonore pour fumer des pétards. Ceux qui se sont arrêtés là sont passés à côté de l’essentiel.
La prochaine fois : l’épopée Bob Marley