L’album I Am est l’album de la consécration, tant commerciale qu’artistique. Il a la particularité de réunir en son sein une foule de tubes imparables qui relèvent en même temps d’un haut niveau d’accomplissement sur le plan musical. Pour la petite histoire, “Je suis” (I Am) est le préambule par lequel Yavhé s’adresse à ses prophètes dans la Torah, notamment Moïse.
In The Stone : comment faire plus majestueux que cette intro de cuivres et d’orchestre à cordes ? L’arrangement de l’accompagnement, tout en utilisant des recettes simples, se pare d’une classe éblouissante. On est à peine remis de cette intro de folie que Verdine et Fred White, respectivement bassiste et batteur, enclenchent un groove auquel aucun danseur ne peut résister :
Le version studio du morceau contient quand même deux petites faiblesses : le tempo est légèrement trop lent et la durée du morceau est un peu longue. Ça n’échappera pas au groupe qui rectifiera le tir en live :
Can’t Let Go : encore un titre imparable pour les danseurs. Le pont est de toute beauté :
After The Love Has Gone fait partie de ces morceaux emblématiques d’un style qui a disparu : le slow qui tue ! Pourtant, les paroles relèvent d’une désillusion plus que de l’enthousiasme. On est dans la même contradiction que pour Reasons dans un album précédent ou même le slow I’m Not I Love de Ten CC : un morceau en apparence romantique mais dont les paroles révèlent tout autre chose !
Boogie Wonderland : LE morceau disco de EWF, celui qui a déferlé dans toutes les boites de nuit de l’époque.
Star : peut être l’une des plus belles chansons de l’album, au groove subtil mais terriblement funky. Les paroles, tantôt cosmiques, tantôt philosophiques, surfent sur l’idée qu’il existe une étoile pour chacun de nous, une étoile qui est là pour nous rappeler qui nous sommes vraiment. Ça n’est pas sans faire revenir à ma mémoire une réplique étonnante par un astronaute dans un film de science-fiction dont j’ai oublié le nom : “chaque partie de nous a un jour fait partie d’une étoile.”
Rock That est un instrumental vigoureux dans lequel on peut clairement percevoir le plaisir de chaque musicien à le jouer. Une sorte de funk orchestral et cosmique :
L’album de la consécration
Après All ‘n All, I Am achève d’amener EWF à son plus haut niveau de réussite, tant commerciale que critique. La qualité musicale atteinte en fait un des plus grands groupes du monde, qui joue désormais dans les stades, comme les Stones.
Que fait un très grand groupe, à la carrière déjà longue, quand il en arrive là ? C’est la grande question mais elle n’est jamais vraiment posée clairement : les musiciens sont pris dans un maëlstrom de tournées, de concerts et d’obligations diverses ce qui fait que personne n’a eu le temps de se poser la question de l’après I Am. Une chose est sûre : ils pensent qu’ils peuvent tout se permettre désormais… Mais c’est oublier un peu vite les lois du show business qui ne va pas laisser la poule aux oeufs d’or en liberté.
La prochaine fois : Il n’y a aucun business comme le show business