En Biélorussie (ou Bélarus), il existe une loi intitulée « sur la liberté de conscience et les organisations religieuses ». Comme d’habitude dans certains pays de l’Est, la loi sur la liberté de conscience explique comment les citoyens doivent voir leur liberté de conscience limitée.
Le 3 janvier, cette loi a été changée et la nouvelle législation promulguée par le dictateur Alexandre Loukachenko. La loi du 3 janvier, annoncée par la présidence comme « consolidant les approches modernes dans les relations entre l’État et les organisations religieuses », explique que toute organisation religieuse enregistrée doit se « réenregistrer » dans un délai d’un an, ou elle sera dissoute. Le « réenregistrement » n’est pas juste une déclaration, mais doit recevoir l’approbation des autorités.
Biélorussie et dignité nationale
Ces dernières peuvent refuser l’enregistrement pour de nouveaux motifs, tels que « les actions qui ne sont pas conformes à la politique intérieure et étrangère du Bélarus » ou à l’ « harmonie civile », les activités visant à « discréditer l’État », les activités dites « extrémistes » et l’ « humiliation de l’honneur et de la dignité nationale », ce qui inclut l’ « insulte aux fonctionnaires ». Autant dire que si vous êtes une organisation religieuse, vous n’avez aucune chance de ne pas être dissoute si vous n’êtes pas un appui du régime.
Le nombre de communautés religieuses nécessaires pour créer une association a également été augmenté. De plus, au moins l’une d’entre elles doit être en activité depuis au moins 30 ans. Ce qui est tout à fait contraire à la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l’Homme qui considère que ces critères sont arbitraires et contraires à la Convention Européenne des Droits de l’Homme. Mais le Belarus s’en fiche, car il n’a jamais signé ladite convention.
L’introduction d’exigences similaires en matière de réenregistrement des partis politiques en 2023 a entraîné l’interdiction de tous les partis politiques du pays, à l’exception de trois d’entre eux. Les trois partis restants ont déclaré leur loyauté absolue au régime.
Au 1er janvier 2023, le Belarus comptait 3 590 organisations religieuses enregistrées. La majorité d’entre elles appartiennent à l’Église orthodoxe biélorusse. Selon une étude du Pew Research Center de 2017, 73 % des Biélorusses se considèrent comme des chrétiens orthodoxes, 12 % appartiennent à l’Église catholique et les 6 % restants sont membres des 23 autres confessions enregistrées en Biélorussie.
Répression des soutiens (même légers) aux manifestations
Il faut se rappeler qu’en 2020, lorsqu’il y a eu des manifestations pour protester contre ce que les manifestants (et tous les observateurs internationaux) considéraient comme des élections truquées, le régime de Loukachenko a pris des mesures sévères à l’encontre des personnalités religieuses en Biélorussie qui soit avaient critiqué les élections, soit avaient condamné la réponse des autorités biélorusses aux manifestations qui ont suivi les élections.
Par exemple, les autorités bélarussiennes ont interdit à l’archevêque de Minsk-Mahiliou de l’époque, Tadeusz Kondrusiewicz, d’entrer au Belarus après qu’il a eu exprimé des doutes sur la légitimité des résultats de l’élection d’août 2020. À l’époque, Loukachenko avait affirmé que Kondrusiewicz s’était rendu en Pologne pour « recevoir des conseils sur la manière de détruire notre pays ». Kondrusiewicz a ensuite été contraint de remettre au Pape sa démission. Selon Christian Vision, un groupe chrétien interconfessionnel, une soixantaine de chefs religieux ont été pris pour cible par l’État. Vingt-deux d’entre eux ont fait l’objet de poursuites judiciaires ou pénales.
Bienvenue en Iran… Euh, en Bélarus, pardon.