Écouter Jeanne Morisseau, c’est aussi « voir par l’oreille », comme dirait Supervielle, c’est recevoir le monde dans un tourbillon de tous les sens, harmonieusement accordés. Il suffit de faire silence, comme on fait de la place, pour laisser passer des anges. Figures tutélaires de ce recueil poétique et musical : anges tendres, consolants, mélancoliques ou rebelles, mais jamais déchus.
La voix profonde de l’auteure chanteuse nous enveloppe, nous soulève – pour mieux voir, justement – dans un souffle puissant et soyeux. Les éléments dansent et s’entrelacent, tantôt inquiets, tantôt apaisés. Le feu nourri d’air pur, la pierre purifiée par l’eau. La mort vaincue par l’amour, l’amour donné par la vie. Le jour et la nuit ne faisant qu’un, telle une photographie et son négatif d’origine. Ainsi va l’univers de Jeanne, pénétrable pour qui désire y entrer. Si nous répondons à cette invitation au voyage, nous y trouverons de quoi dilater le coeur : ciel et mer sans limites, battements d’ailes et du sang, fleurs épanouies de caresses, enfances retrouvées à la toute fin du chemin. Au fil des chansons-rencontres, nous nous retrouvons nous-mêmes sous d’autres formes et destins, frôlés à peine ou retenus par la magie des mots tressés de mélodies ensorceleuses, parfois hypnotiques.
L’écriture, qui en poésie fait le lien entre l’infini et l’instant, fait ici appel à la sensualité de l’âme. Nous rappelle notre humanité naturelle et sacrée, notre vocation à la joie et notre droit à la révolte, mais aussi au consentement.
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Pour plus de notes et d’information, notamment une toute nouvelle chronique signée Sylvain Fesson sur cet album et cette artiste, voici deux liens précieux :
http://fr.ulule.com/les-battements-d-ailes-jeanne-morisseau/
http://pascalejeannemorisseau.com/lesbattementsdailes/
“Jeanne Morisseau a enregistré un chef d’œuvre. Et le mot n’est pas usurpé. À soutenir absolument… » Yan Kouton (Indiepoprock)