L’album de la consécration ! Bien des personnes ont acheté cet album, y compris des gens qui n’écoutaient jamais Led Zeppelin ou même du Hard Rock. La raison en est simple : Stairway To Heaven. Ce morceau est le plus connu du groupe et a touché des milieux aux goûts très divers. Il est universel.
Comme les détracteurs du dirigeable, le journal Rolling Stone en tête, prétendent que les ventes des albums du groupe ne se font que grâce à la publicité, parce qu’il y a le nom du groupe sur les albums, Jimmy Page va répondre à cette cabale d’une manière inédite : à aucun endroit sur la pochette ou à l’intérieur on ne peut trouver le nom du groupe. Encore une fois, du jamais vu. Et bien sûr, cet album-là se vendra comme jamais. CQFD.
Bron-Yr-Aur, encore…
S’inspirant du processus de création qui a si bien réussi à Led Zeppelin III, le groupe va retourner dans ce cottage gallois et, muni de quelques compositions, partir enregistrer à Headley Grange avec le studio mobile des Rolling Stones
Les morceaux de Led Zeppelin IV
L’album commence avec Black Dog, morceau emblématique du style Led Zep. Une innovation de production signée Jimmy Page : plutôt que de repiquer au micro son ampli guitare, il va brancher celle-ci directement dans la console de mixage en saturant son son et enregistrer trois fois son thème. Une piste de guitare est bien à droite dans l’espace stéréo, une autre bien à gauche et la troisième au milieu. Le résultat est hallucinant, comme si ces guitares étaient jouées du fin fond du canyon du Colorado ! Le morceau contient des astuces rythmiques qui font que la batterie est conçue sur 4 mesures et la guitare et la basse sur un nombre différent, les deux parties s’éloignant et se rejoignant à intervalles réguliers. Un vrai tour de force qui fera dire un jour à Jimmy Page : “Je n’ai jamais entendu un groupe jouer correctement Black Dog.” Performances vocales exceptionnelles de Robert Plant et solo hallucinant de Jimmy Page dans le final.
Rock & Roll deviendra le morceau de début de tous les concerts de Led Zeppelin. Comme son nom l’indique, c’est un hommage au genre… Mais à la sauce Led Zep ! L’intro et les breaks de John Bonham sont… Sidérants !
The Battle Of Evermore est un festival de mandolines à lui tout seul, composé par Page qui n’avait jamais joué de mandoline auparavant… La voix de Sandy Denny donne, à intervalles réguliers, un aspect aérien à l’ensemble. Le texte est très influencé par le Seigneur des Anneaux de Tolkien.
Comment décrire Stairway To Heaven ? Les mots sont impuissants à relater l’influence énorme qu’a eu ce morceau sur la carrière de Led Zeppelin aussi bien que sur l’ensemble du Rock. J’en ai, pour ma part, eu un aperçu lors d’une kermesse où je jouais avec mon groupe. Le vacarme était ahurissant, entre le tirage d’une tombola commenté au porte-voix, les cris des enfants et les habitués du coin, avinés, qui s’interpellaient bruyamment. Nous n’avions pas trop de nos amplis pour nous faire entendre. Au moment convenu, j’ai joué l’intro de guitare de Stairway To Heaven et quelque chose de totalement sidérant s’est passé : en quelques secondes, le vacarme ahurissant s’est changé en un silence total, absolu. On aurait entendu une mouche voler. Ce n’est pas que je jouais particulièrement bien cette intro, loin de là. Cette intro de guitare force le respect, c’est tout. Elle deviendra également pendant des décennies le cauchemar des vendeurs de guitare dans les magasins de musique, tout guitariste essayant une guitare se mettant en devoir de la jouer. Laissons Andy Johns, ingénieur du son sur l’album nous en parler : “Quand Jimmy Page a entamé l’intro du morceau, j’ai su d’avance que ce serait dantesque mais j’étais loin de me douter que ce morceau deviendrait un hymne pour des générations de mômes.” Conçu comme un crescendo, de plus en plus d’instruments, dont des flutes, se rajoutent au fur et à mesure pour finir avec pas moins de sept guitares sur le final. Solo emblématique de Jimmy Page. Texte surréaliste de Robert Plant dont l’imagerie flirte encore avec l’oeuvre de Tolkien. Deux versions me semblent mémorables : celle de Led Zeppelin IV, évidemment, et la version live à Earls Court en 1975 où les arrangements de flute jouées au mellotron de John Paul Jones sont de toute beauté. Pour pouvoir jouer sur scène toutes les parties guitare du morceau, Jimmy Page a demandé à la marque de guitares Gibson de lui construire une guitare avec deux manches, l’un avec six cordes et l’autre avec douze cordes.
Misty Mountain Hop : le morceau commence, une fois n’est pas coutume, par un riff joué par le piano de John Paul Jones et repris ensuite à la guitare, l’arrivée dans le thème principal se faisant par une astuce rythmique. Du très grand Led Zep. Le texte… Beaucoup de Tolkienneries encore…
Going To California : une ode entièrement acoustique à cette région des Etats Unis, très évocatrice de la génération Hippie. Il y a toujours eu une grande affection du groupe pour cette région.
When The Levee Breaks : ce n’est pas que ce morceau soit du très grand Led Zep mais le son de la batterie est tout simplement phénoménal et a inspiré bien des ingénieurs du son et batteurs. Le kit de John Bonham est installé dans les escaliers de Headley Grange et des micros aux extrémités de ce même escalier, l’acoustique très particulière de cet ancien hospice faisant le reste.
La prochaine fois : Houses Of The Holy