L’homme, du fin fond des âges, expliquait l’incompréhensible par l’existence d’une ou de plusieurs divinités. La science ne cesse de progresser, pourtant l’homme est toujours à la recherche d’un Dieu. Il semblerait que le besoin de divin chez l’individu corresponde à un souhait de donner du sens à son existence, à sa vie personnelle. Malgré l’obligation de respecter la laïcité inscrite dans notre constitution et donc le recul du religieux de la sphère publique vers la sphère privée, l’homme n’a pas tué le Divin. Les religions officielles reculent au profit des nouveaux mouvements religieux où l’occultisme se mélange aux anciennes croyances et aux rites de passage qui tentent de recréer du lien dans la société par l’intermédiaire de nouvelles croyances religieuses où chacun peut se reconnaître et attacher ses pratiques à la postmodernité. Avant d’aborder le thème des nouvelles religions, il nous faut donc définir ce que représente le Divin et Dieu pour l’être humain.
Définition du sens Divin
Nous ne pouvons pas commencer à disserter sur cette notion, sans penser à la citation de Hobbes « l’homme est un loup pour l’homme» en
rappelant que nous avons oublié de la reprendre dans sa totalité. Oui, « l’homme est un loup pour l’homme, mais il peut aussi être proche du divin». Nous devons nous souvenir que dans les écrits bibliques l’être humain est construit pour une petite part à l’image de Dieu. Les grandes
civilisations anciennes ont toujours eu leur divinité à adorer et à choyer.
Cette attirance vers le divin rassure l’homme sur sa condition de mortel et lui permet de faire appel à la nature pour le délivrer du mauvais sort ou le soigner. L’homme a conscience qu’il ne contrôle pas les éléments et qu’une force supérieure le supplante. La phusis (nature en grec) est plus forte que lui et le dépasse. Aujourd’hui, avec l’essor du progrès technique (techné en grec), nous avons la sensation de tout contrôler et de dominer les éléments par le simple fait d’exercer notre libre arbitre. Dès lors, l’homme est maître de son destin et il doit choisir entre l’excellence ou la déchéance.
La quête d’une raison de vivre
C’est dans Le crépuscule des idoles que Nietzsche démystifie les croyances et fait de l’homme un être tout-puissant. Il est débarrassé de sa béquille morale et spirituelle qui le rend totalement maître de ses actes, mais le fragilise moralement s’il n’a pas acquis des valeurs morales qui l’aident à tenir debout. L’homme qu’il le veuille ou non est à la recherche de son essence première et par conséquent souhaite accéder directement ou indirectement au divin qui donne un sens à son existence. Les humains entrent alors dans une quête qui, s’ils ont gardé une part de croyance en Dieu, sera plus facile, tourné vers l’autre en espérant faire le bien autour de soi et contribuer à la perfectibilité de l’homme.
C’est souvent au soir de sa vie que l’humain prend conscience de sa finitude. Il procédera alors à un examen de conscience avant de rejoindre Dieu, s’il est croyant, en espérant que Dieu lui accordera le privilège de rejoindre le paradis et de protéger ses proches grâce à sa vie éternelle. Si au contraire, il aborde la mort comme une fin pure et simple, l’homme, voulant laisser une
trace dans ce bas monde, aura tenté tout au long de sa vie de faire de celle-ci une œuvre d’art qui restera dans l’histoire de l’humanité. Ces deux postures caractérisent selon les philosophes
«l’homme bon» et «le souverain bien».
C’est à travers des réalisations culturelles, humanitaires, ou familiales que nous pourrons toucher un peu à la transcendance. L’artiste exprime la partie transcendante de son être dans son œuvre. Il joue avec le laid et le beau comme Dieu met en balance le bien et le mal. L’œuvre d’art est issue de l’essence divine et des acquis culturels que l’homme a glané à travers les époques. L’art est donc lié également à la représentation inconsciente des divinités que l’humanité a vénérée dans l’histoire.
Un Dieu universel ou le progrès technique : telle est la question!
Le divin représentation de la nature ou Dieu incarné est source par son ambivalence de progrès et de conflit. Dieu est pourtant avant tout ce que l’homme en fait. D’un point d’équilibre, dans les sociétés anciennes, il est devenu une idée conflictuelle due à la mondialisation et à ses différentes représentations culturelles. L’idée de Dieu reste pourtant au cœur de la réflexion humaine. Nous l’utilisons dans un souci d’apaisement ou d’affirmation de notre supériorité face à la nature ou à une autre civilisation. Si nous souhaitons un jour qu’elle soit synonyme de bienêtre et d’universalité, l’homme devra par la science prouver l’existence de Dieu ou sa non existence. Les conflits entre croyants ou non croyants n’auront plus lieu d’être.
En attendant la preuve formelle de son existence, les différentes civilisations ont le choix: vivre avec lui ou sans lui. Le Dieu, déiste des philosophes pourrait faire consensus chez les croyants, à condition que ceux-ci se mettent d’accord sur des conventions d’imagerie (icônes) et sémantiques étant donné que les trois grandes religions monothéistes sont issues de la même terre Sainte. Une fois établie cette reconnaissance mutuelle des croyants, un débat serait possible entre les deux branches dualistes de la société mondiale: croyants et incroyants.
En tout état de cause, le divin est soit une sublimation de l’homme par lui-même ou l’affirmation d’un esprit supérieur que l’homme a beaucoup de mal à appréhender. Dans les deux cas, l’humanité doit faire preuve d’humilité et s’apercevoir qu’elle ne domine pas les éléments. La preuve de l’existence de Dieu serait de remettre l’homme à sa juste place. Une finitude qui n’est rien dans l’univers et ne peut se reproduire et progresser sans l’existence d’autrui. Si un jour, la révélation est faite dans l’un des deux sens, le monde sera athée ou spirituel et l’humanité aura évacué un point de discorde.
Pour le moment, l’homme doit faire preuve d’une grande tolérance et s’efforcer de mettre ses valeurs divines ou laïques au service de la collectivité en utilisant la force créatrice qu’il porte en lui.
Stéphane De Bona