Le Glam Rock se nourrit principalement de hits et, parfois, de grands album studio. Rares sont les albums live qui passent à la postérité. Il y a bien la bande originale du film Born To Boogie de T. Rex mais la musique qui en résulte a un aspect plutôt brut, bien loin des qualités sonores de leurs albums studio. Ziggy Stardust Live est déjà beaucoup plus ambitieux : il y a beaucoup de musiciens talentueux impliqués mais cette tentative de reproduire sur scène le son des albums studio n’est pas toujours très convaincante.
On rêve d’un album live où les chansons sont encore plus belles que leurs versions studio, un live où les morceaux ont été complètement réarrangés musicalement pour la scène, un live avec un son et un mixage tellement bons qu’on l’écoute avec autant d’attention et de délectation qu’un album studio… Un live empreint d’une aura de compétence dénuée de suffisance qui ferait s’aligner les planètes de l’Univers rien que pour être en conjonction juste pour ce concert là… Les fans du Glam Rock en ont rêvé. Lou Reed l’a fait.
Prologue
Décembre 1973. Soutenu par David Bowie et Mick Ronson à la production et à l’arrangement, Lou Reed vient de sortir ce qui restera peut-être ses deux meilleurs albums studio : Transformer en 1972 et Berlin en 1973. Sur Berlin, il a commencé à travailler avec deux guitaristes hors du commun : Steve Hunter et Dick Wagner. Outre le fait que ce sont de vieux routiers du Rock ‘n’ Roll et qu’ils s’entendent comme larrons en foire, les deux hommes sont de très bons “duellistes” de la guitare et sont dotés d’un goût très sûr dans l’arrangement musical. Ils vont constituer pour Lou Reed un groupe de scène comprenant Prakash John à la basse, Pentti Glan à la batterie et Ray Colcord aux claviers. Ces trois derniers, plutôt inconnus du grand public, vont établir avec les deux guitaristes un groupe de haut vol, très soudé et capable de produire sur scène des arrangements d’une qualité redoutable. Et c’est ce qui va faire toute la différence.
Le concert et sa parution
Le 21 décembre 1973, Lou Reed et son groupe donnent un concert à la Howard Stein’s Academy Of Music de New York. La prestation est d’une telle qualité qu’un album live est sorti en 1974, Rock ‘n’ Roll Animal, où la production de Steve Katz et de Lou Reed amène ce disque à laisser entendre le moindre détail du jeu de chaque musicien, là où beaucoup trop d’albums live précédents nous donnaient une bouillie sonore. Tout réside dans une stratégie de mixage qui, bien que simple, donne au son une précision d’album studio : les deux guitaristes sont mixés à droite et à gauche, chacun de leur côté, ce qui laisse beaucoup de place au milieu de l’espace stéréophonique pour caser la basse et la batterie au milieu, dans leur propre espace, les choeurs et les claviers un peu sur les côtés et, bien sûr, Lou Reed au milieu bien en avant dans le mixage. L’ensemble est d’une clarté incroyable pour un live de cette époque.
Ce live aura un tel succès qu’un deuxième live, issu du même concert sortira en 1975, Lou Reed Live. Pour finir, dans la réédition CD de 2000 de Rock ‘n’ Roll Animal, les deux seuls morceaux de ce fameux concert qui n’avaient encore jamais été parus sont ajoutés. Dans cet article, nous n’allons pas nous préoccuper de ce qui appartient à Rock ‘n’ Roll Animal ou à Lou Reed Live, il s’agit du même concert et si celui-ci vous intéresse, point d’autre alternative que d’obtenir la version complète : Lou Reed Live ET Rock ‘n’ Roll Animal version 2000.
La prochaine fois : les morceaux et leur postérité