Il avait bâti sa communauté pendant plus de 30 ans. Le Grand Rabbin de Moscou, Pinchas Goldschmidt, a perdu son mandat cette semaine, alors qu’il avait quitté le pays peu après le début de la guerre menée par la Russie sur le territoire ukrainien.
La raison pour laquelle il avait quitté le pays : les énormes pressions subies par tous les leaders religieux de Russie pour soutenir publiquement le Kremlin et son « opération militaire spéciale ». Goldschmidt est l’un de ceux qui s’était refusés à l’exercice, et cela lui coûte aujourd’hui ses fonctions.
Dans une interview donnée au journal ultra-orthodoxe Mishpacha Magazine, Pinchas Goldschmidt a décrit le début de la guerre comme « se coucher à Moscou et se réveiller à Téhéran ».
Il a ajouté : « Je ne pouvais pas me taire devant tant de souffrances humaines, je suis allé aider les réfugiés en Europe de l’Est et j’ai dénoncé la guerre. Je voulais pouvoir regarder dans les yeux de mes petits-enfants et leur dire que j’avais fait ce qu’il fallait. »
Le Grand Rabbin n’a pas véritablement été renvoyé. Mais son mandat n’a pas été renouvelé. Si les religions en Russie sont censées, sur le papier, s’administrer librement, le FSB (service de renseignement intérieur, en droite descendance du KGB) a tous les moyens pour faire pression sur chacune d’entre elles, et ne prospèrent librement que celles qui collaborent avec le Kremlin.
Le Grand Rabbin n’est pas le seul chef religieux à avoir dénoncé la guerre sanglante menée par le Moscou. Mais les prises de parole publiques de ceux qui rejettent cette guerre sont rares, tandis que le chef de l’Église Orthodoxe Russe, le Patriarche de Moscou Kirill, continue d’exprimer son soutien sans failles à la violence, aux meurtres et au génocide en cours en Ukraine.
Critiquer ou remettre en cause la guerre, voire utiliser le mot « guerre » pour décrire ce que Poutine a décidé d’appeler son « opération militaire spéciale », est passible de 15 ans de prison. Et ils sont déjà nombreux à en avoir fait les frais.