Jean-Luc Maxence – Selon vous, votre vie, votre expérience, quelle est, aujourd’hui, la personne politique susceptible d’aider vraiment la patrie ?
Alain Bauer – Depuis la disparition de Michel Rocard, je me tiens assez loin des processus d’individualisation de la vie politique et cela fait longtemps que je ne crois plus aux femmes ou hommes providentiels. Il me semble plus intéressant de travailler à la recomposition active et dynamique d’une société civile reprenant sa place dans le débat démocratique.
JLM – Si vous étiez Ministre de la Justice quelle est la première réforme de profondeur que vous proposeriez au Président de la République ?
Alain Bauer – Imposer l’habeas corpus. Il reste surprenant que la France soit aussi attachée à son processus inquisitoire et n’en sorte que très lentement. On juge au nom du peuple français, il est donc aussi indispensable qu’il prenne toute sa place et qu’on ne s’appuie pas seulement sur la technicité des magistrats professionnels pour définir les peines mais sur la légitimité des jurys pour la culpabilité, les détentions, les libérations anticipées.
JLM – Comment sortir la Franc-maçonnerie d’une lente disparition par éclatements sectaires ?
Alain Bauer – Cette question est assez curieuse car si la scissiparité compulsive atteint la Franc-maçonnerie française (comme le syndicalisme ou la politique d’ailleurs), la dérive sectaire est rarissime.
Disons que le retour aux fondamentaux du travail en atelier sur les questions structurantes de la relation entre les humains et leur environnement pourraient permettre justement de laisser enclore plus de « métaux » à la porte des loges et donc de s’occuper des autres avant que de se mobiliser sur soi même….
Alain Bauer
Professeur du Conservatoire National des Arts et Métiers