C’est un des hymnes de la génération hippie, sorti en avril 1967 et créé par l’un des plus grands groupes hippies : Jefferson Airplane.
Cette chanson, qu’on pourrait prendre à tort pour une simple chanson d’amour, va en fait bien au-delà. Elle pose une question troublante : « n’as-tu pas besoin de quelqu’un à aimer ? » La société de consommation a implanté en nous un besoin compulsif d’être aimé, admiré, respecté. Toute la publicité est bâtie là-dessus : si vous avez ce téléviseur, vos amis vont vous envier. Si vous avez cette voiture, les femmes vont vous adorer, etc. En bref, faites ce qu’on vous dit, soyez un bon consommateur et on vous aimera… Comme si le fait d’être aimé ou admiré était le but ultime de l’existence.
C’est plutôt appréciable quand ça arrive, certes, et ce serait mentir que de prétendre le contraire mais cette obsession d’être aimé place l’individu dans une situation où il est l’effet des autres et de l’environnement, une situation d’attente… Avec une horrible question qui le tenaille : « a t’il fait ce qu’il fallait pour être aimé ? »
Dans ce sens, le message de Somebody To Love est révolutionnaire : il propose à l’individu de décider (ou pas) d’aimer quelqu’un et le place en tant que décisionnaire de son existence et non plus en situation d’attente. Sorti en pleine guerre du Vietnam sur fond de consumérisme effréné, c’était révolutionnaire en 1967. Ça l’est peut-être encore plus à notre époque.
Les batteur, bassiste et guitariste s’en donnent à cœur joie dans ce morceau, les réponses des chœurs le mènent à son paroxysme mais ce qui emporte l’adhésion définitive est le charisme de leur chanteuse, Grace Slick : elle lâche son « sermon sur la montagne » avec la gravité d’un prophète, d’une prêtresse.
Et l’on se prend à penser que, oui, Grace Slick a peut-être raison : les choses ne commencent pas par le fait d’être aimé. Les choses commencent quand on décide d’aller vers l’autre.
Le morceau :
La traduction :
https://www.lacoccinelle.net/270147.html
L’une des meilleures versions live :