Phasmophobia, ce jeu d’horreur indépendant ayant fait sensation ces derniers mois, entraîne le joueur à la recherche de fantômes… Ainsi que d’autres choses bien plus profondes et enfouies, sous couvert de métaphores…
Une amorce inattendue
Il y a quelques mois, je recevais à intervalles réguliers de quatre jours des lettres d’une personne anonyme. Ce que je prenais au départ pour une blague devint de plus en plus inquiétant… Ces lettres étaient écrites de manière très sale et approximatives. On pouvait imaginer, rien qu’en les lisant, les tremblements de la main de l’expéditeur. Les premières lettres n’avaient aucun sens, et n’étaient que des suites de mots hasardeuses. Après environ trois semaines à laisser ces lettres de côté, sans les lire vraiment attentivement, je commençais à croire qu’il y avait un message à décoder derrière. Je m’attelai donc à la tâche, quitte à prendre du retard sur mes prochains articles, à la fois inquiet et intrigué en pensant au résultat auquel cela pouvait me mener. Il me fallut quelques jours pour me rendre compte que, au milieu de chaque mot brouillon et hasardeusement posé, chacune des lettres comportait un caractère de l’alphabet latin écrit dans une calligraphie plus qu’impressionnante, et ce, sur chacun des mots de la lettre. J’eus alors l’idée de retracer dans l’ordre chronologique chaque lettre, afin de lister dans ce même ordre chacun des caractères de l’alphabet latin calligraphié. Quelle ne fut pas ma surprise, lorsque je découvris que cet ordre permettait de réécrire une phrase entière. La phrase que permettait de former toute cette série de lettre était la suivante : « Joue à Phasmophobia ». Je n’ai jamais su, jusqu’à maintenant, à qui j’avais à faire avec ces lettres, mais une chose était sûre : je dédierais mon prochain article à l’analyse de ce jeu vidéo.
Au-delà de la symbolique du fantôme
Phasmophobia est un jeu d’horreur à la première personne. Le joueur incarne un chasseur de fantômes dans diverses missions. Le fantôme peut être de différents types, et les lieux des missions peuvent changer. Bien évidemment, ce jeu représente de manière métaphorique l’exploration de son propre inconscient, son côté ombre, la partie de nous-même qui nous effraie le plus et qu’on ne veut pas révéler à la lueur du jour, la lueur de sa pleine conscience. Les « évènements paranormaux », dont on peut être témoin dans le jeu, ces moments où l’on peut voir une silhouette apparaître au milieu d’une pièce ou entendre un chuchotement dans nos écouteurs, représentent des rencontres avec notre inconscient. Celui-ci reste souvent fermé et n’apparaît que par bribes lorsque l’on fait appel à lui, comme une ombre au milieu d’une pièce, pour laquelle on ne perçoit pas les contours, comme un murmure venu des profondes ténèbres de notre pensée.
Une colère à double sens
Dans ce jeu, le temps a son importance cruciale : le fantôme s’énerve de plus en plus à mesure que les joueurs passent du temps sur le lieu de la mission. Cela suit toujours le parallélisme avec l’inconscient. Comme le disait Jung, « Plus l’attitude de la conscience par rapport à l’inconscient est faite de refus, plus ce dernier devient dangereux. » Ainsi, plus le joueur, la conscience, perd du temps à chercher là où il ne faut pas, sans trouver de preuve, ou fuit la confrontation, plus le fantôme, l’inconscient, se braquera. Il arrivera un moment où celui-ci sera tellement à bout que, quoique fasse le joueur, le fantôme entrera en chasse. À ce moment, il sera bien plus dur, voire impossible, de terminer la mission.
La morale de l’expérience
La peur et l’appréhension que nous font ressentir les situations de ce jeu peut nous empêcher certaines fois d’aller à la recherche du fantôme, mais si nous voulons gagner, il est nécessaire de prendre sur nous et d’y aller, tout en restant concentré et aux aguets. Nous pouvons encore faire un parallèle avec l’inconscient ici : fuir notre nature enfouie ne permet pas de la dompter, et empêche donc de vaincre nos tourments intérieurs. De ce fait, progresser dans Phasmophobia pourrait nous permettre de progresser, à titre personnel, dans la compréhension de notre propre inconscient.
SIte officiel de Phasmophobia chez Kinetic Games : https://kineticgames.co.uk/