Comment restituer à ceux qui n’ont pas vécu l’époque ce que représentait un groupe de la stature de Fleetwood Mac ? Mission impossible !
Toutefois, une série récente sur Prime Video s’est beaucoup inspiré de leur carrière et nous en donne une image assez proche : Daisy Jones & The Six.
Pour parler de Fleetwood Mac, il faut d’abord resituer l’époque. On était sur la deuxième moitié des années 70, tout le monde ou presque était baba cool, parfois sans le savoir. Les gens pensaient que le futur, ce serait mieux. Un état d’esprit qui s’est inversé au début des années 90 : désormais, l’ambiance générale clame, sans s’en vanter, que le futur sera pire. Autre temps, autre état d’esprit.
Et ce groupe avait tout pour séduire ce milieu baba cool qui ne cessait de s’étendre, ce milieu ignorant dans le même temps qu’il allait disparaitre dans le culte de l’égo et la superficialité des années 80.
L’album Rumours de Fleetwood Mac pouvait ressembler à la bande originale de la vie d’une personne. Détail significatif : tomber amoureux à l’époque entrainait presque immédiatement le fait qu’une chanson de cet album vous trottait dans la tête sans discontinuer. Let The Good Times Roll, comme dit la chanson.
Un groupe du Blues Boom
Examinons l’historique. Fleetwood Mac a d’abord existé en tant que groupe de Blues pour le guitariste virtuose Peter Green, qui l’a quitté en 1970, rongé par le LSD qui l’a poussé dans les bras cruels de la schizophrénie. Comme tous les groupes du Blues Boom anglais, Fleetwood Mac aurait dû disparaitre au début des années 70. Mais John McVie et Mick Fleetwood ne l’entendent pas de cette oreille. Ils veulent durer. Dans une tentative pour sauver le groupe, privé de Peter Green, ils engagent Christine McVie, la femme de John. Choix risqué pour l’époque: les femmes y étaient choristes, à la limite chanteuses mais le plus souvent groupies. Une époque très macho dans le Rock. Qu’importe, Christine McVie n’est pas du genre à se laisser faire 🙂 C’est une talentueuse pianiste, une très bonne chanteuse, au style très personnel, et elle possède l’art de la composition et du songwriting.
Le véritable démarrage
Mais tout va réellement commencer avec l’arrivée du guitariste américain Lindsay Buckingham qui impose, au passage, sa copine, Stevie Nicks. Qu’il en soit remercié car Fleetwood Mac est depuis lors inconcevable sans Stevie Nicks !
Nous avons donc désormais un groupe équilibré. Mick Fleetwood (batteur) et John McVie (bassiste) forment une section rythmique imparable, de grande qualité. Christine McVie chante et joue du piano. Lindsay Buckingham chante et joue de la guitare. Stevie Nicks chante et présente au public l’image parfaite de la femme baba cool qui en fera rêver plus d’un (dont votre serviteur :-).
Les particularités de Fleetwood Mac
Outre une section rythmique de haut vol avec John McVie et Mick Fleetwood, le groupe possède trois auteurs compositeurs interprètes : Stevie Nicks, Lindsay Buckingham et Christine McVie, qui composeront seuls ou par deux toutes les chansons du groupe. Les chansons de Lindsay sont souvent les plus fédératrices mais il composera avec Christine de fameux hits. Leurs deux voix s’accordent à merveille. Christine aura le chic pour écrire de très belles chansons romantiques et des morceaux hauts en couleur. Quant à Stevie Nicks… Là on touche à la légende vivante ! Elle écrira une bonne partie des meilleurs morceaux du groupe. Dotée d’un charisme époustouflant sur scène, le moindre de ses gestes communique plein de choses. La profondeur qu’elle donne à chacune de ses interprétations en fait une grande star du rock. Son look n’est pas en reste : chapeau haut de forme, foulards noués un peu partout, grandes robes hippies et cheveux blonds bouclés tombant sur ses épaules, elle a tout pour attirer les regards.
Stevie Nicks a une voix de contralto, ce qui corresponds à la tessiture normalement la plus basse pour une femme. Cela lui donnera un timbre de voix inhabituel pour une chanteuse, une voix aux intonations rauques et bluesy. Ses grandes influences sont Grace Slick de Jefferson Airplane et Janis Joplin… Ça se sent.
Une grande amitié va naitre entre Christine et Stevie, toujours perceptible sur les photos récentes où on les voit toutes les deux. Elles feront front ensemble face à ce monde très macho du rock d’alors. Ce sont des femmes de caractère et il est hors de question qu’elle se laissent reléguer à des rôles subalternes. A la mort de Christine, en 2022, Stevie déclarera que Christine était la meilleure amie qu’elle ait jamais eue.
Un début prometteur
Un premier album, nommé sobrement Fleetwood Mac sort en 1975 et a un grand succès. On y décèle déjà bien des choses qui feront la force du groupe dans ses années de gloire.
Warm Ways : Christine est une grande romantique et elle a le chic pour sortir de grandes chansons avec cet état d’esprit, avec des mots simples et magiques à la fois.
Rhiannon : l’entrée de Stevie dans le groupe, une entrée qui fera date car ça restera l’un de leurs plus grands succès. L’histoire décrit la fascination qu’exerce cette ancienne déesse de la mythologie galloise. On pourrait y voir également la fascination qu’exerce elle-même Stevie sur son public.
Say you Love Me : la première chanson créée avec cette nouvelle formation. Christine se rappellera et chérira toute sa vie la première fois qu’ils ont joué le morceau : “J’ai chanté le couplet puis attaqué le refrain… Et ils sont arrivé tous les deux (Lindsay et Stevie) avec leurs harmonies magnifiques…”
Landslide : une magnifique chanson de Stevie où elle décrit de façon touchante sa relation avec Lindsay. Ce morceau restera cher à leur coeur au long des années. Une chanson sur le temps qui change tout, tout sauf les choses essentielles.
Les paroles :
https://www.lacoccinelle.net/826754-fleetwood-mac-landslide.html
Terriblement prophétique en ce qui concerne la relation “chien et loup” qu’ils entretiendront toute leur vie. Je n’ai pu d’ailleurs résister à la tentation de vous présenter également la version live de 1997 dont le final est particulièrement édifiant.
Comme on le voit, peu de choses ont véritablement changé 🙂
Pourtant, tout aurait pu s’écrouler définitivement pour Fleetwood Mac avec ce qui va suivre…
La prochaine fois : l’album Rumours, la consécration