Nous vivons dans un monde où l’hyper-individualisme devrait être le fondement de la loi. Rien ne peut émaner du collectif, qui contienne une restriction pour des individus. Les collectifs existent un peu, pour les luttes.
Les individus n’ont plus rien à faire. Les publicités nous engagent à ça : vous avez faim ? faites-vous livrer. Vous avez un accident ? Eh bien, il n’y en a plus (MAÏF). Un conseil bancaire ? Disponible 24h sur 24. Etc. L’individu ne doit plus subir aucun désagrément, même pas un retard, une attente… il doit être débarrassé des courses, qui sont décrites comme une corvée… la frustration est une horreur qui ne devrait plus pointer le bout de son nez nulle part…
La laïcité, pour certains, trouve sa place et sa fonction dans ce « système », qui, a priori, serait plutôt capitaliste, à honnir donc : la laïcité est présentée par des groupes politiques, qui y mettent beaucoup d’énergie, comme un liant, qui ne doit comporter aucune contrainte ! pour personne !
Hostilité supposée de la laïcité
Donc, quelques musulman(e)s, plutôt minoritaires, qui ont du mal à s’y faire, deviennent les emblèmes d’une hostilité supposée de la laïcité à cette religion, une hostilité « globale » qui nécessiterait une défense de cette « oppression » faite à cette minorité.
La réalité n’a rien à voir avec ça.
La laïcité s’est gagnée contre l’Église catholique et elle doit sans doute se maintenir par le combat contre des franges extrêmes, et peu souhaitables, de la religion musulmane. Leur caractère peu souhaitable n’est pas une vue de l’esprit mais sort du constat de ce qu’on peut voir et savoir de certains pays musulmans radicaux, notamment à propos de leur comportement envers les femmes (Iran, Afghanistan…) et de leur rapport aux droits de l’Homme.
Un peu d’histoire de la laïcité
Un peu d’histoire : le pouvoir étatique a été, en France, pendant des siècles, religieux. Les rois étaient sacrés à Reims par des membres du haut clergé et parfois par les papes eux-mêmes. La société était divisée en trois « ordres », dont le clergé. Le peu d’enseignement était assuré par l’Église catholique.
L’Assemblée nationale constituante a voulu faire signer une Constitution civile du clergé aux prêtres (décret du 12 juillet 1790). Comme il n’y avait plus superposition du pouvoir politique et du pouvoir ecclésiastique, le nouveau pouvoir devait régler ses rapports avec le clergé. Ce dernier, obéissant au pape, n’était pas juridiquement tenu de reconnaître le nouvel État révolutionnaire. Cette « constitution civile » fut une affaire sanglante, qui occasionna beaucoup d’horreurs.
En 1802, Napoléon signa un Concordat avec Rome. Il se sacra lui-même Empereur en présence du pape en 1804.
La première loi de l’État, côté éducation, est celle de Guizot du 28 juin 1833. Elle fait obligation aux communes d’ouvrir une école primaire, en se regroupant éventuellement. Par cette loi, l’État commence à s’emparer de « l’instruction ». L’enseignement de la religion fait partie du programme mais l’avis des pères à ce sujet est écouté et suivi.
Après la Révolution de 1848, l’idée qu’il faut séparer l’Église catholique et l’État monte dans la classe politique et entre dans le débat public. Après 1870, Les Républicains visent une épuration des corps de l’État. Par exemple, le 15 mars 1879 : Jules Ferry, ministre de l’Instruction publique, dépose deux projets de loi : le premier écarte les membres du clergé du Conseil supérieur de l’instruction publique, organe consultatif ; le second exclut de la direction des établissements du supérieur les membres de certaines congrégations. Une loi tacite empêche les catholiques pratiquants de devenir ministres. Dans une période assez longue de la IIIème République, la République est tenue par les Républicains et l’anticléricalisme est gage de vertu. Les congrégations religieuses passent pour une puissance morale et matérielle, une ingérence de Rome qui porte atteinte à la souveraineté nationale. Les Jésuites sont expulsés par la force publique de certains de leurs couvents, parfois par l’armée.
Après l’école obligatoire (et laïque) en 1882, une certaine nécessité est venue de faire cesser ce Concordat, d’où la loi de 1905. Cette loi ne s’applique pas partout : en Alsace et Moselle (qui n’étaient pas françaises en 1905), dans certains territoires d’outre-mer… La rendre universelle dans la République indivisible constituerait une tâche honorable dont personne ne parle cependant.
La loi de 1905 est une référence en matière de laïcité, sans la définir.
Ce « fut un événement douloureux et traumatisant pour l’Église en France. » (lettre du pape Jean-Paul II aux évêques en 2005). La laïcité n’est pas du tout une institution chrétienne, comme certains voudraient le faire accroire.
Et la loi de 2004 fut…
La loi de 2004 et ses déclinaisons, la dernière étant la déclaration par le ministre de l’Éducation nationale que l’abaya est un vêtement religieux, ne dépareille pas dans cet ensemble.
La laïcité est un combat pour que les affaires communes des Français soient menées, non pas selon les préceptes d’un livre ancien, mais selon des principes faisant appel à la raison, un peu comme la méthode scientifique : observation de l’existant et décisions visant à l’améliorer. Le débat démocratique est permanent, il n’est pas arrêté aux dispositions d’un texte sacré.
L’idée qui circule et qui est entretenue par certains groupes politiques d’une laïcité charmante, ne gênant aucun citoyen, permettant un « vivre ensemble » d’un hyper-individualisme absolu, chacun faisant ce qu’il veut, est une idée saugrenue et mensongère.
Le peuple français a gagné la laïcité sur l’Église catholique, il doit maintenir cette caractéristique de sa constitution, de son État contre l’islam extrême.