La Maison de la Parole est une petite salle discrète en plein cœur d’Avignon, assez atypique. Elle accueille depuis des années des spectacles choisis finement, pour la qualité de leur texte, par Odile Focone, qui sait s’entourer d’une équipe de bénévoles. Les spectacles sont accueillis en coréalisation ce qui donne leur chance à des compagnies débutantes. Ce qui change des conditions faites la plupart du temps aux compagnies, dans lesquelles les théâtres (les lieux) sont les seuls à ne rien risquer, à être sûrs de leur bénéfice.
D’autre part, la Maison de la Parole est dédiée à l’accueil des personnes non-voyantes ou malentendantes, dont si peu de gens s’occupent.
La Maison de la Parole a été inaugurée en juillet 2012 et a reçu le prix du festival off en 2016, catégorie poésie et conte.
La Maison de la Parole, spectacles à Avignon
Je n’ai vu qu’un spectacle, dont je peux parler, que les autres m’excusent :
La clé suspendue, Algérie, une enfance. De Marie Tomas. C’est l’histoire d’une famille qui est rattrapée par la grande Histoire, les grandes disputes, des peuples et des États, qui se retrouve dans la guerre et ses horreurs sanglantes sous les fenêtres. Il s’agit de l’indépendance de l’Algérie et ces anciens colons qui sont depuis plusieurs générations sur ce sol d’Afrique du nord, qui se sauvent dans des péripéties hasardeuses, dans lesquelles ils ont suffisamment de chance pour ne pas périr, alors qu’ils n’ont rien fait de mal ; qui sont déçus de la modestie de l’accueil des Français… et qui rebâtissent avec leur famille rassemblée toute les conditions de leur vie pour retrouver le plus possible ce temps d’Algérie, qui n’arrivent à en parler que de nombreuses années plus tard, qui arrivent à y retourner, modestement, timidement, hantés qu’ils sont tous par le souvenir de ces bonheurs simples détruits si rapidement et sans raison pour eux. Une histoire triste et pleine de vie, bien écrite et bien racontée, avec simplicité et tendresse.
Marie Tomas a donné un autre spectacle L’appel de la forêt, libre adaptation du roman de Jack London.
Pour des raisons techniques, cette Maison de la Parole avait dû renoncer à sa programmation ces deux dernières années. Elle a pu ouvrir quatre jours ce festival du 13 au 16 juillet, avec une fête sur la place Saint-Didier (scène ouverte) le dimanche 16.
Ce qui préfigure sa réouverture pour le temps du prochain festival.
Souhaitons que ces quatre jours fugitifs soient bien l’annonce d’un renouveau, souhaitons une longue vie à cette Maison de la parole, à l’oralité, la poésie de ce qu’elle y présente.