S’il y a un pionnier du Rock ‘n’ Roll auquel le qualificatif de « chat sauvage » s’applique, c’est bien Eddie Cochran. Son jeu de scène et ses morceaux sont cinglants, extravertis et frondeurs, spécialement pour l’époque.
Originaire par ses parents d’Oklahoma City, Cochran revendiquera jusqu’à la mort son statut d’Okie, nom donné aux Américains ayant quitté l’Oklahoma dans le contexte de la Grande Dépression pour tenter leur chance dans les États du Nord ou de l’Ouest.
Sa rencontre au milieu des années 50 avec le manager et auteur Jerry Capehart scellera son destin. Il devient une vedette en chantant “Twenty Flight Rock” dans le film The girl can’t help it (la blonde et moi). Il rebondira sur ce succès naissant avec le fédérateur “C’mon Everybody” qui le propulsera sur orbite. Comment résister à cet appel aux armes Rock ‘n’ Roll quand on est adolescent ? Et c’est bien là que réside une grande part du talent d’Eddie Cochran : se mettre à la place des adolescents des années 50, leur parler directement et exprimer ce qu’ils ressentent face à ce monde dans lequel ils n’ont tout simplement pas d’existence officielle. A cette époque lointaine, on quittait l’enfance pour entrer dans la vie adulte, s’habiller et vivre comme ses parents. Beau gosse, sexy, frondeur et drôle, Eddie Cochran représentera pour toujours l’authentique rocker adolescent.
Pour la petite histoire, John Lennon avait un groupe, les Quarrymen. Quand Paul McCartney, beaucoup plus jeune qu’eux, s’est présenté pour une audition, ils l’ont traité de gamin. Quand Paul s’est mis à jouer et chanter “Twenty Flight Rock”, John a cessé de rire. Une grande amitié et une grande collaboration étaient nées.
On peut dire qu’Eddie Cochran enfonce encore plus le clou de la rébellion avec “Summertime Blues” où il exprime avec simplicité et force le sentiment d’un jeune homme de condition modeste face à l’été, au travail et au mépris des hommes politiques à son égard. Avec “Somethin’ Else”, il jouera encore sur le tableau du manque d’argent et de la confiance en soi.
De plus, Eddie Cochran est un remarquable guitariste, inventif, au style très personnel. Il a le chic pour exploiter les techniques d’enregistrement de l’époque et ses morceaux ont un son original. Il est l’un des premiers à mettre en avant la guitare basse électrique qui vient de naitre, dans C’mon Everybody par exemple. Ses enregistrements tirent pleinement partie du mélange son acoustique/son électrique et ont influencé des générations de producteurs et d’ingénieurs du son.
Grand ami de Buddy Holly dont le décès l’a bouleversé, c’est avec un autre grand ami, Gene Vincent et sa petite amie Sharon Sheeley qu’il trouvera la mort le 16 avril 1960 dans un accident de voiture. Les autres passagers s’en remettront mais Eddie Cochran, lui, entrera au Panthéon des Immortels du Rock ‘n’ Roll.
William H. Miller
Twenty Flight Rock :
C’mon Everybody :
Les paroles :
https://www.lacoccinelle.net/260012.html
Summertime Blues :
Les paroles :
https://www.lacoccinelle.net/269334.html
Somethin’ Else :
Pour le fun, la version de Summertime Blues par Brian Setzer des Stray Cats dans le film La Bamba, où il joue le rôle d’Eddie Cochran :