Éd. des Équateurs, collection Équateurs parallèles, avril 2019, 173 pages, 14€
Les fans de la désormais célèbre Collection « Un été avec » ne seront pas déçus par cette dernière parution. Après les étés partagés avec Homère, Machiavel, Proust et Victor Hugo, c’est avec Paul Valéry que le lecteur est invité à affronter la canicule. Sous la férule avertie de Régis Debray, qui récitait Le Cimetière marin durant sa détention en Bolivie il y a un demi-siècle, l’on découvre un Paul Valéry moins connu que le pourvoyeur de sujets du baccalauréat. Derrière le « poète mathématicien », « grand amoureux des femmes, de la peinture et de la musique », l’ex-compagnon de route de Che Guevara débusque le « promoteur visionnaire d’une Fédération Européenne » et « un lanceur d’alerte » prématuré et inattendu, très concerné et inquiet par « la fragilité de notre civilisation et de notre société mondialisée ». Au fil des pages, le Sétois fou amoureux de sa ville, fait place à un double personnage, « le bienséant et le frondeur, l’homme d’institution et l’irréconcilié », oublié par la postérité et souvent moqué par ses pairs. Finalement, c’est Georges Brassens, un autre Sétois, qui rendra l’hommage le plus respectueux à l’œuvre de Paul Valéry et à l’auteur incomplètement compris, dans sa célèbre « Supplique pour être enterré à la plage de Sète ».
Martine Konorski