Alto Braco
de Vanessa Bamberger, Éditions Liana Levi, coll. littérature française, 2019, 235 p., 19 €
Il est rare qu’un livre mérite aussi bien son titre. « Alto braco », traduction d’une expression occitane désignant « un haut lieu », se déroule non seulement sur les sublimes hauteurs du plateau de l’Aubrac, mais campe également à la cime des sentiments qu’éprouvent Brune en revenant sur sa terre d’enfance pour y enterrer Douce, sa grand-mère. Elle avait quitté ce territoire à la suite du décès de sa mère, pour aller grandir à Paris, vivant au-dessus du Catulle, bistrot tenu par Douce et sa sœur. Les deux « maîtresses femmes » lui transmettent leurs forces, celles qui les aident à affronter le labeur quotidien, celles de paysannes contraintes de quitter leur terre peu à peu désertifiée par une industrialisation sauvage et de « monter à la capitale » pour subsister dans « la limonade ». L’horizon se rétrécit à des piles de vaisselle et de bouteilles, mais elles s’en libèrent par un amour de la vie et un humour aussi tendres qu’un steack persillé d’Aubrac. Après 20 ans d’absence, le retour de Brune au pays ressuscite un enracinement qu’elle avait oublié, mêlant lien à la terre, respect du bétail, transmission subtile de rites immuables et de valeurs incontestées. Cette remontée de la vérité des origines incite Brune à re-donner vie à un sentiment d’appartenance irrépressible, convaincue que le vent sec et la terre mouillée du plateau, loin de l’étouffer, l’aideront à « élever »…
Patrick Boccard