En 1975, c’est Gilles Pudlowki – lequel fut Directeur littéraire de L’ATHANOR durant plusieurs mois – qui me présenta Georges Perec avec qui je sympathisais spontanément. Tant et si bien qu’il me remit une nouvelle inédite pour ma revue PRÉSENCE ET REGARDS, texte que je fis paraître dans le n°17-18, avec une merveilleuse photographie souriante de Perec en couverture ! J’appréciais la générosité de l’homme et je devinais la haute valeur littéraire du poète qui devait se confirmer au fil des années.
Quand je vis paraître en Pléiade les « Œuvres » de Georges Perec, en avril 2017, j’en fus naturellement très joyeux. Je pensais que « La Pléiade » était, en effet, une garantie de bon discernement, en quelque sorte. Mais je déchantais rapidement.
PRÉSENCE ET REGARDS n’est pas « Cause commune » !
Pour ce qui nous concerne, nous protestons ici très ouvertement, publiquement même, pour la page XLVI (chiffre romain) de la « chronologie » du tome 1 de « La Pléiade » qui comporte une erreur manifeste qui rend malheureusement peu sérieuse et frivole la signature de Christelle Reggiani. En effet, pour l’année 1975, il est spécifié : « À l’automne, parait dans la revue Cause commune Les lieux d’une fugue, récit de la fugue que Perec fit, enfant » (sic). De facto, cette précision constitue une faute manifeste et regrettable.
En vérité, c’est bel et bien dans ma revue de poésie PRÉSENCE ET REGARDS n°17-18 que parut une nouvelle inédite de Georges Perec, « Les lieux d’une fugue ». Dans le même numéro de ladite revue, j’aime à noter qu’il y avait aussi au sommaire un interview de Louis Malle, un éloge de Jean-Louis Giovannoni dont je venais d’éditer le premier recueil GARDER LE MORT qui ne devait jamais cesser d’être réédité depuis, et un éditorial chaleureux et intuitif de Jean-Marc Roberts, lequel eut la carrière que l’on n’a pas oublié aux Éditions du Seuil…
Tout cela peut sembler un détail mais ne l’est point. Ne pas reconnaître le travail de découvertes réussi par les modestes revues de passionnés de poésie et de littérature comme le furent PRÉSENCE ET REGARDS, LE PONT DE L’ÉPÉE, POÉSIE I ou ACTION POÉTIQUE, autour des années 1975, est devenu, au XXIème siècle surtout, non seulement une négligence regrettable mais un crime contre une certaine reconnaissance historique. Même si la réalité ne fait pas nécessairement plaisir à des grosses institutions comme Gallimard, toujours soucieuses de maintenir coûte que coûte leur « intouchabilité » problématique, c’est le Réel qui parle vrai, seul le Réel.
Nous en sommes persuadés : il sera un jour utile de revoir du tout au tout l’Histoire littéraire à travers le contenu des modestes publications (au plan du chiffre d’affaires) proposées dans une époque donnée, sachez-le. Cela nous évitera, assurément, de céder à une certaine robotisation de la pensée critique.
Jean-Luc Maxence