Depuis mon temps d’adolescence, j’ai voulu tutoyer l’Invisible. Du coup, ma carte d’identité de pèlerin de l’Absolu n’a rien de très correcte, de très rassurante. Pensez donc : baptisé catholique, dans les bras d’Henriette Charasson, poétesse chrétienne et très pratiquante, auteure chez Flammarion d’un best-seller Le Sacrifice du soir (1953), j’ai été aspirant trappiste à Bricquebec et, il y a peu, biographe de Jean Grosjean, ami d’André Malraux et éminent poète chrétien et marié, traducteur de la Bible et du Coran. Je demeure franc-maçon trop avoué à la Grande Loge de France depuis vingt ans, aujourd’hui à la GLCS (Grande Loge des Cultures et de la Spiritualité) et fondateur d’une loge mixte et sauvage « Affinités et Lumière » mettant autour de la même table de travail Nouvelles Religions et francs-maçons ! Et c’est sans doute cet itinéraire à jamais rebelle qui explique, pour une large part tout au moins, le choix audacieux de ce n° 4 de notre bimestriel : « Debout ! Les nouvelles religions ».
S’ouvrant sur un article remarquable de Michaël Sens, si bien nommé, notre dossier rassemble dans une même réflexion, toute proche de la prière, les articles d’un rabbin, Daniel Fahri, du Mouvement Juif Libéral de France, les interviews d’un prêtre catholique atypique et chanteur, Gaëtan de Courrèges et d’un ministre du culte, Scientologue, Éric Roux, par, respectivement, Jonathan Lévy-Bencheton et Michaël Lévy-Bencheton, mais aussi une brève de la regrettée Marie-Madeleine Davy, sur le chemin initiatique du poète, sans oublier les articles caustiques de nos collaborateurs Christophe Diard et Fanny Durousseau sur « la religion de l’économie » et « les gourous de la santé naturelle ». De plus, nous laissons la libre parole au Professeur de Sociologie, Massimo Intervigne sur la chasse aux sectes comme atteinte à la liberté de penser.
En fait, notre « Dossier » se présente volontairement tel un patchwork de la Foi d’aujourd’hui. Y compris l’ensorcellement du monde par Frédéric Vincent. Au fond, notre audacieux florilège refuse les parti-pris de chapelle, de mosquée ou de synagogue, les Credo à l’emporte-pièce, les fondamentalismes de tous poils. Nous espérons plutôt symboliser et exprimer désespérément le partage et la fraternité incarnés, enracinés sur le socle têtu d’une recherche incessante de la transcendance cachée du monde. Et il nous faudra sans doute la précision du tireur à l’arc (lire l’article de François Naudy qui veut « penser le monde à l’ombre du Beursault ») pour atteindre notre impossible cible : le divin.
Par ailleurs, nos lecteurs retrouveront entre autres les rubriques régulières de Laurence Vanin, philosophe et de Stéphane de Bona, ethnologue, et « l’impertinence poétique » de votre serviteur. Outre les notes de lecture, les « tribunes libres » et la mise en lumière des rebelles de l’Histoire (lire l’article de Martine Kornoski sur Calamity Jane), ce n° 4 de R.B.L étonnera, espérons-le, par son indépendance d’esprit et de ton et de propositions.
Quoi qu’il en soit, si vous avez aimé notre début d’itinéraire de rebelles positifs, et nos six premiers mois de combat selon cet esprit, n’hésitez pas à vous abonner à R.B.L. sans attendre (aujourd’hui 40 € franco de port) en participant à notre promotion 2016. Certes, nous n’offrons pas à nos 500 premiers abonnés (c’est notre objectif d’équilibre) un Smartphone ou une casserole miracle ou des faïences d’antan, mais une anthologie de poésie de ce début de siècle que nous avons eu la joie de publier sous notre sigle fondateur Le Nouvel Athanor avec un confrère du Québec, Moebius… Quoi qu’il en soit, défendre la poésie comme force d’insurrection contre les mous et les déserteurs de toutes les nouvelles (ou les anciennes) spiritualités, rejoint bel et bien nos préoccupations de citoyens libres. même de ne point voter pour nos hypothétiques élites balbutiantes !
Notre programme ? L’autre jour, la Présidente de notre « Directoire », Danny-Marc, relevant quelques citations chères à son cœur, résumait nos aspirations non cachées. Ainsi : « Il n’arrive jamais rien aux gens raisonnables » (Julien Gracq), « Qui nous délivrera de l’Église ? La Foi. » (Maurice Clavel), « Il est grand temps de rallumer les étoiles » (Guillaume Apollinaire), « Si tu veux aller vite, marche tout seul, si tu veux aller loin, marche avec les autres ! » (un abonnement gratuit à qui nous dira à qui appartient cette phrase !).
En vérité, R.B.L se veut un défi politiquement incorrect revendiquant une subjectivité constructive. Il annonce un certain retour des insurgés de l’insurrection spirituelle. Sa vision à long terme fait allégeance à la lumière. Il ne subit pas le prudent repli sur soi de toute une époque, la nôtre, il veut abolir ce réflexe de peur, pour et par amour des autres, sans craindre l’utopie.
Jean-Luc Maxence