Impossible de parler du Glam Rock sans consacrer un article à Roxy Music car ce groupe en est un des acteurs majeurs. On aime ou on n’aime pas leur musique mais celle-ci, de toute façon, nous interpelle émotionnellement. Elle nous ravit ou nous met mal à l’aise, sans qu’on sache bien pourquoi. J’ai déjà parlé de ces deux facettes du Glam Rock, l’une festive et positive avec T. Rex, Slade et Sweet et l’autre sombre et sulfureuse, principalement représenté par David Bowie. Avec Roxy Music, on est dans un univers du même ordre que celui de Ziggy Stardust : sombre et sulfureux.
Une des particularités de Roxy Music est sa fascination pour le glamour hollywoodien. Ses membres semblent se déplacer en permanence dans un décor de cinéma ou dans une party pour la première d’un film de la grande époque d’Hollywood. Ils prennent tout le temps la pose, la plus frappante étant celle de Brian Ferry, le chanteur, en smoking blanc avec un verre de martini à la main. Il y a comme une sorte de glamour blasé dans son attitude qui semble nous dire : “la beauté est tout car elle ne signifie absolument rien.” On est bien dans le culte superficiel de l’esthétique propre au Glam Rock.
La vérité derrière la façade
Il ne faudrait pas en conclure que Roxy Music n’est que façade. Ses membres sont d’excellents musiciens, très novateurs. Si le public a tendance à se focaliser sur le chanteur, Brian Ferry, ou sur le joueur de synthétiseur Brian Eno, le guitariste Phil Manzanera a un style très original et le saxophoniste Andy Mackay donne au son du groupe un cachet inimitable. Le concept général du groupe, typique pour des étudiants en école d’art, est de s’approprier des éléments de la culture populaire pour les concrétiser en chansons.
Dès son premier album, Roxy Music obtient un succès inespéré. Il faut dire qu’en cet été 1972 en Angleterre, en pleine ascension du Glam Rock, le groupe a tout pour séduire : ses vêtements, ses maquillages, son jeu de scène précieux et sa musique originale.
En 1973, ils rééditent l’exploit sans problème et les années Glam Rock sont pour eux fructueuses.
Le problème est qu’il y a deux stars très visibles dans ce groupe : le chanteur Brian Ferry et le clavier Brian Eno, qui rivalisent sur scène pour attirer l’attention. Ça ne pouvait durer ! Brian Eno quitte le groupe et va sortir un album très Glam Rock mais à sa façon à lui :
Le groupe continue sur son succès mais la fin du Glam Rock en 1975 et l’arrivée du Punk en 1976 donne un coup de vieux à leur musique. Ils font une pause et leur histoire aurait pu s’arrêter là. Le truc c’est que Roxy Music est un groupe capable de se réinventer. Ils enfourchent les années 80 avec talent et produisent coup sur coup deux grands albums, Flesh And Blood et Avalon, dans l’air du temps et en même temps très originaux dans les recherches sonores.
Quoi qu’il arrive, Roxy Music impose sa patte à tout ce qu’il touche.