Frédéric Vincent se définit lui-même non pas comme ce que l’on appelle communément un digital native pour désigner ceux qui sont nés dans les nouvelles technologies. Il me semble plutôt une sorte de geek de la première heure, un nerd qui a eu l’occasion de vivre une bonne partie de son existence à l’extérieur de la matrice. Mais qu’est-ce qu’un nerd? demande-t-il. «Une personne solitaire passionnée par l’informatique, les sujets scientifiques, la science-fiction et la philosophie.» (sic).
Dans cet étrange et passionnant GEEK THEORY, F. Vincent plagie volontairement et en toute lucidité cet adolescent perpétuel de Michel Houellebecq, tout en gardant en mémoire Charles Bukowski, les Beatles, nos ancêtres les hippies et nos camarades les chevaliers Jedi du 33e degré qui s’imaginent mener le monde dans un salon littéraire!
Fou inconditionnel de Star Wars, grand lecteur de Nietzsche qu’il n’a point renoncé de convertir à Fatima, l’ami Frédéric défie aux dernières nouvelles la mort et la crise cardiaque. Je retrouve chez lui l’abîme du désespoir au cœur de cette génération Geek. Il y a, en effet, une forte odeur d’absurde sartrien qui émane de ses pages désabusées et volontairement «clicheteuses» jusqu’à l’hara-kiri! Frédéric Vincent finira par croire au bon Dieu de la rue du Bac si la «branlette espagnole» réduit les risques du Cancer dans l’ombre de Dark Vador, masqué bien entendu!
La religion de Vincent est, plus qu’une psychanalyse new-look, ou qu’un chemin d’individuation, une quête adogmatique et provocatrice, «une méthode d’introspection qui vise à mieux se connaître et à se sentir en harmonie avec l’univers»… Oui, nous voilà en plein roman épique et post-moderne, sous l’œil goguenard de Maître Michel Maffesoli, toujours lucide et souriant, et sachant qu’en ce début de millénaire l’équation «sera désespérément numérique» sur le blog du monde sans spams mortifères.