Une réponse modeste : ce sera non à cause du nom !
Si on révèle que mon grand-père s’appelait Jean Baptiste FRIC et que son père s’appelait déjà Jean Baptiste Fric, tenace et un brin ironique fut cet usage nominatif de filiation fidèle. Le lecteur peut consulter l’état civil d’Entraygus-sur-Truyère en Aveyron où le destin a planqué les Fric depuis une lointaine migration germanique oubliée.
Une réponse minimale : le fric, c’est de l’argent sale !
L’argent serait «sale» et «tout ce qui brille n’est pas d’or». Ce dernier est instable, n’est-il pas un produit d’origine alchimique ? Il passe pour être transmuté mais aussi se changer d’or pur en vil plomb ! D’ailleurs par précaution d’État, on le ,taxe, l’impose, le reprend. On le met en lingot pour éviter qu’il ne se barre et on l’enferme dans des forteresses et des caves blindées (d’où l’expression: «blindé» = friqué) L’oncle Picsou
garde un louis «dort» dans sa poche ce qui est déjà un souci. Il est l’heure de se réveillor !
Une richesse viscérale cachée : «l’âne aux ducats d’or»
Les versés en psychanalyse jungienne remarquent dans les contes du passé, les fabliaux du Moyen Âge, les chapiteaux romans,que celui qui a du fric est un avare et qu’il existe un lien mystérieux entre les viscères qui servent à pendre l’avare étranglé par le poids de ses sacs d’or et la matière métallique qui s’échapperait du corps humain; le friqué rejette son fric! Quant à l’âne aux ducats d’or de Grimm il expulse bestialement et à la demande de l’argent viscéral forcément sale caché dans les viscères humains. Dans le conte des frères Grimm un âne a la propriété suivante: «Ce n’est pas un âne ordinaire… Il fait de l’or dit le meunier; tu le mets sur un drap tu dis Bricklebrit ! et aussitôt il lui sort de l’or par la bouche et par le derrière!»; Tel est le bruit de l’or: «il est l’or de se réveiller». on en rêve et il est caché en nous. Le fric, c’est la richesse supposée que l’on aperçoit chez les autres quand ils ont une conduite ostentatoire. Pour être heureux, vivons cachés: comment, fraudeurs de tous les pays, planquer votre fric surtout quand les affaires vont bien et que «ça eut payé!»!
Les signes monétaires ou la face cachée du fric !
L’invisible part d’ombre du fric maléfique est repérable dans les signes du monnayage. Les coquillages au paléolithique ont servi aux échanges ou à la thésaurisation parfois cachée sous forme de trésors enfouis et abandonnés aux trouvailles archéologiques. Notons que le coquillage a un creux, il indique le vide, la perte, l’ombre. On apprend ainsi en regardant les objets en relief ou en creux que la matière sculpte ombre et lumière. On ne peut donc renoncer à ce double examen de l’envers et de l’endroit. Si on considère une carte bancaire Visa elle incite à la dépense: inversée, c’est la carte vas-y ! Certaines cartes portent en effigie un écureuil qui boulotte les noisettes de notre fric et la piste magnétique noire est une marque de deuil de la perte. Parfois un pigeon volette sur la puce électronique: ce sont nos économies qui s’envolent à jamais!
On vit avec une richesse concédée par les maîtres de la finance
L’État, les puissances d’émission du papier, de la frappe métal, ont la possibilité par la gravure de montrer la double face de l’argent et du pouvoir. Le psycho-historien Llyod deMause, en 1988, dans le Journal of Psychohistory de New York a repéré sur les billets de banque U.S. la tête et la queue du fric : « Hails and Tails ». Cela nous rappelle les mauvaises manières de « l’âne aux ducats d’or ». Prenons au hasard un billet émis par la BCE, le 20 ou la coupure de 10 euros. Sur la face brillante (!), de parfaites architectures en voussures savantes romanes ou gothiques: la vie de palais! Si on retourne le billet, nous observons sur la face plus terne, des ponts inachevés sous lesquels dérive la galère démâtée de l’Europe en mal d’argent. Elle se noie dans la dette abyssale ! Qui est le Maître de l’argent dans l’Union? Qui a le fric ? Personne ne lit la carte de visite du Directeur de la BCE sur la face brillante des billets 10 et 20 euros. En haut à gauche, côté cœur, en dessous de l’emblème européen, le drapeau étoilé d’argent, signé le directeur de la Banque Centrale Européenne. Tous les mois il rachète la dette qu’il nous fit faire : on ne pourrait pas vivre sans ce fric mystérieux et polymorphe (bitcoins en réseaux fermés et florissants).
Spéculer c’est regarder dans un miroir: le fric est virtuel par essence ! Comment en attraper un peu tant il est volatil! L’argent est-il encore du travail comme le croyaient les banquiers huguenots ? Est-il si sale, a-t-il mauvaise réputation, mauvaise odeur viscérale ? Non olet disait Vespasien. Laborare est orare, pour les calvinistes d’état d’esprit puritain. In God we trust pour le one dollar ? Croyons-le et vivons mieux dans l’instant! Time is money mais le temps existe-t-il sans l’espace où valsent les trous noirs comme ceux que l’on fait sur la carte Vas-y ! Nous ne détenons pas le fric surtout si on en a besoin. Dans l’imprécation privée nous traitons de friqués ceux que nous jalousons en supposant l’origine frauduleuse des apparences de leur aisance.
Pour finir, gardons l’image du « changeur et sa femme » par Quentin Metsys. L’épouse distraite jette un regard désabusé sur les manips laborieuses de son banquier d’époux. Cela en dit long. Elle préfère sa lecture. Lui, à son banc pèse les pièces (qui auraient pu être rognées…) en faisant peut-être pencher le terrible trébuchet… ! À Pompéi on a refait, sur les tablettes calcinées, les comptes du banquier Jucundus : les erreurs relevées étaient… plutôt en sa faveur. On a toujours su y faire, camarades !
Louise de Vilmorin avait tout compris en disant: « l’argent me ruine ». Quant à mon pauvre de moi… tout compte fait, je l’avoue, le fric me pèse et me manque, c’est selon !