Non seulement, après l’issue prochaine des élections présidentielles, il va s’agir de reconstruire un cadre politique pour demain, mais encore il deviendra urgent de rendre à nos compatriotes un Président de la République qui ne soit plus un monarque de la République, un concierge médiatique de l’Elysée, mais un «coach» du développement harmonieux des Communautés naturelles de notre pays, un arbitre indépendant des Partis, capable de booster durant cinq ans les forces de création et de développement économique d’une des plus riches nations d’Europe. Un Président sans âme ne sert à rien qu’à souligner la pertinence de l’Écclésiaste («Vanité, tout n’est que vanité et poursuite du vent»).
Sans craindre d’enfoncer des portes ouvertes, rappelons qu’un Chef d’État se doit d’être désintéressé à titre individuel. Il s’efforcera de demeurer le passionné rassembleur d’un peuple vivant de citoyens unis par la solidarité des intérêts spirituels et matériels dans l’accomplissement d’une œuvre commune: rendre à la France ses entreprises audacieuses, ses emplois, sa joie de vivre, son capital à incorporer au travail, sa capacité d’accueil même.
De toute façon, le seul Fric ne peut investir personne d’une fonction de commandement. Le Président Français est certes le Chef élu au suffrage universel d’une nation au travail, mais il ne saurait être, jamais, ni un Roi absolu ni un propriétaire. L’idée de considérer les travailleurs comme copropriétaires de la production, qui sous-entend la répartition des profits dont le capitalisme et l’étatisme organisent l’accaparement, demeure une utopie d’actualité. La faillite in situ du marxisme (en Union Soviétique par exemple) n’empêche personne de rêver du partage des richesses et du dépassement de l’amour de Mammon qui habite chaque individu. Il nous reste, Grand Dieu, tout à réinventer de la fonction de Président de la République. A vos marques, prêts, partez! «Deviens ce que tu es » préconisait Friedrich Nietzsche.
Le président introuvable
Souhaitant donner à R.B.L une authentique force d’insurrection, j’ai rêvé d’un Président ne prenant pas l’éloquence pour les choses de la vie. Un Président n’alimentant pas systématiquement la lutte des classes, capable de rassembler les Français au lieu de les isoler, de créer de la conscience commune au lieu de développer un égoïsme ravageur, de reconnaître une crise de la conscience nationale dans les élites mêmes, afin que le diplôme ne prime jamais le caractère, que l’érudit ne compte jamais davantage que le Saint ou le Héros, que la hauteur de vue empêche l’affaissement de la patrie dans son ensemble.
J’ai rêvé d’un Président non Dark Vador et qui se refuse de dissocier pour mieux régner, d’un faiseur de synthèse, d’un rabatteur de conscience citoyenne dans les élites même, d’un veilleur ne sacrifiant jamais les humbles, ne se gargarisant jamais de grands mots creusant des fossés vertigineux entre les classes et les métiers. J’ai rêvé d’un Président bien entendu «introuvable». Un Président sans Parlement ronronnant d’idéalisme petit-bourgeois. D’ailleurs – et c’est sans doute de famille! – je n’ai jamais cru en l’efficacité du Parlement puisque je refuse le marxisme embourgeoisé et les introspections sclérosantes. Quand la prudence freine l’initiative, les fanatismes partisans me font vomir. Je sais hélas qu’en chacun des députés un sombre Cahuzac sommeille. Aujourd’hui, le libéralisme n’est plus une thèse mais trop souvent une gangrène. D’ailleurs, la Presse (papier ou numérique!) se retrouve «aux mains de quelques corrupteurs corrompus d’un capitalisme sans patrie» comme on disait autour des années 1930, juste avant la seconde boucherie finale qui ne mit
personne d’accord.
L’utopique rébellion
Depuis sa création, R.B.L se rebelle contre les dysfonctionnements des partis politiques trop vite identifiés pour être honnêtes. Dès lors, R.B.L restera perplexe et désabusé même après les élections du Président. En cela, R.B.L devient inclassable sur l’échiquier politique habituel. R.B.L ne masque jamais ses critiques «en situation». Il ne prétend représenter ni la gauche caviar, ni le centre mou, ni le socialisme bourgeois bien installé, ni la droite de papa, ou l’extrême droite de maman Vichy, ou l’extrême gauche de grand-papa Mélenchon. R.B.L souhaite néanmoins devenir l’empêcheur de tourner en rond. Et s’il semble en tous les domaines, garder une attitude purement critique, c’est pour mieux arracher de lui-même une exigence de lucidité et laisser s’exprimer son rejet des concessions seulement guidées par des ambitions d’expansion matérielle.
R.B.L avoue espérer pour ce printemps un président capable de laisser à la jeunesse de son pays son refus d’être une nation couchée. Et, comble de la liberté, R.B.L ne cherche même pas à être à la mode bobo. Cependant, l’équipe de R.B.L n’ignore pas que celui qui ne s’intègre jamais et porte en lui-même le désordre, ne peut efficacement prétendre apporter un supplément d’ordre et de relatif bonheur où que ce soit et à qui que ce soit. Là réside sans doute les limites d’un tempérament libertaire trop romantique pour être véritablement utile.