
Eh ben pour une fois j’ai peur… j’ai eu peur comme jamais !
J’ai saisi l’espace de quelques instants l’insaisissable.
J’ai
Eu le vertige.
J’en ai des séquelles
Je fais des malaises vagaux très courts et intenses où je ne suis plus.
La peur m’a emporté.
Elle m’a traversé comme une lance chaude et brûlante devant le secret de l’infini et le mystère du fini.
Nous sommes tous finis. Nous sommes tous faits comme les rats de Sartre.
Mais nous avons la pensée.
Elle est le premier miracle qui descend des cieux vers notre tête et notre cœur.
Elle
Est sans limite et elle a le pouvoir de l’influence plutôt que le pouvoir simple.
Les rois meurent et s’éteignent avec leur pouvoir.
Mais la pensée des prophètes reste et est éternelle parce qu’elle ne se distille pas au vecteur du pouvoir mais elle se transmet par l’influence.
L’influence est plus pérenne que le pouvoir.
Et l’influence du Seigneur dans nos vies parfois dissolues, peut amener à la peur au-delà de l’amour.
Le Coran appelle cette peur la « taqwa », la Torah l’a nommé la crainte révérencielle.
Et il en est ainsi.
Il serait, dit-on, trop simple de passer uniquement par l’amour de Dieu. Chemin trop facile et trop aisé que celui de n’être que cajolé, aimé, chéri et guidé sans effort autre que celui de recevoir et de donner de l’amour.
Non, cet amour se conjugue à la peur, la crainte absolue de l’inconnu et du mystère infini.
Et il convient non pas de la dépasser mais de l’apaiser et la contenir dans une étreinte d’amour évidente et réconfortante où elle ne paralyse plus que l’ego, afin de laisser place à l’humilité holistique par où transite l’amour véritable, authentique et divin.
Et c’est par cette crainte révérencielle et cet amour inconditionnel que la paix homéostatique du cœur des hommes prend son envol.
L’enfant du Seigneur qui après avoir tremblé et perdu son courage crie haut et fort : même pas peur, sauf de Vous Seigneur Éternel, sauf de Votre Amour pour Vos enfants, à qui vous avez peut-être, par amour et sans crainte, confié la mission de parachever le monde en Vous rendant présent sur Terre par nos actes et notre conduite.
Alors, dans le fond, le gamin qui disait « Même pas peur » est vraiment le même aujourd’hui.