
François-Xavier Oliveau, Ed. de l’Observatoire, 2021, 320 p., 20 €
Alors que le monde constate qu’il est impuissant à résorber une pauvreté rampante, comme l’illustrent les milliers d’images de misère et de souffrance déversées à longueur de journée par les chaines de télévision et autres réseaux sociaux, l’auteur décrypte le paradoxe d’une humanité qui n’a jamais disposé d’autant de richesses et qui est incapable de les partager équitablement.
Les exemples regorgent des progrès accomplis depuis 200 ans :
- jusqu’en 1800, l’espérance de vie était de 30 ans, nous en sommes à 70,
- dans les années 1500, 1 mètre de drap coûte près de 1.200 €,
- en 1700, un manœuvre doit travailler environ 4 heures pour se payer 1 kg de blé, 400 fois plus qu’aujourd’hui,
- pendant les années 1800, le prix d’un vélo de base s’élève à 5.400 €,
- en 1900, il faut débourser 52 € pour s’offrir une balle de tennis,
- aujourd’hui, en moyenne en France, chacun possède 99 biens électroménagers à son domicile (TV, machines à laver, lampes…) et une perceuse est utilisée 12 minutes environ pendant toute sa durée de vie… Mais on meurt 3 fois plus d’obésité que de malnutrition, le tabac et l’alcool tuent 20 fois plus d’humains que la faim.
Grâce au progrès technique, les terres produisent plus, la faim et le froid ont reculé, l’instruction est plus accessible… La société de consommation et de loisirs a envahi la planète, et même si les inégalités demeurent, l’ère de l’abondance a succédé à l’ère de la rareté. Mais l’abondance n’évite pas les crises. L’auteur en a identifié trois. Celle de la planète, mortellement menacée par une consommation infinie d’énergies et de ressources. Celles de l’argent, imprimé en quantités astronomiques et pourtant réparti de manière très injuste. La crise de l’Homme dont le travail devient de moins en moins nécessaire face à une technologie omniprésente. Si ces crises sont des crises de « riches », elles n’en sont pas moins mortelles. Et la solution n’est ni de continuer comme avant, ni de stopper la machine. La génération la plus riche de l’histoire de l’humanité doit comprendre que le problème se niche dans les organisations et les barrières mentales, qu’il est urgent de repenser autrement.
Patrick Boccard