Houses Of The Holy était un album de recherche, tant sonores qu’en termes d’arrangements. Avec Physical Graffiti, tout en restant dans cette direction expérimentale, on revient parallèlement à un son beaucoup plus classique de Led Zep. C’est particulièrement frappant aux niveau des guitares. Le meilleur des deux mondes, en fait. Ce nouvel album est souvent considéré comme leur meilleur par les fans et il sera double, tant les directions prises sont nombreuses. Jimmy Page a dit une fois que Physical Graffiti représentait à la perfection Led Zeppelin sous sa forme la plus pure.
Et il est vrai qu’il est impossible de parcourir l’album sans trouver tous les genres dans lequel Led Zep a excellé.
Les morceaux
Choix cornélien ! Je n’arrive pas à trouver un seul morceau à enlever de la liste tant cet album est parfait de bout en bout 🙂 Alors, à mon grand regret, je vais devoir ne me concentrer que sur les morceaux les plus significatifs 🙁 Je recommande à tout un chacun d’écouter en entier cet album, il est vraiment magnifique et plein de surprises. C’est tout un voyage sur la planète Led Zep !
Houses Of The Holy : créé à l’origine à l’époque de l’album du même nom, il n’en a finalement pas fait partie.
Trampled Underfoot :
Kashmir : là, on touche au sublime ! Peut-être le plus grand morceau de Led Zep, celui qui résume à la perfection ce qui fait que ce groupe est unique. Robert Plant nous parle d’une quête initiatique parmi les Anciens des villages du Cachemire, un vrai voyage parmi les montagnes de ce pays. L’ensemble est teinté d’un profond mysticisme. Le ton est déclamatoire, grave et les variations vocales utilisées donnent à son chant le parfum d’un appel de muezzin. Musicalement, le tout baigne dans une ambiance de musique arabe et indienne. Bien que la section rythmique soit caractéristique de Led Zep, l’accordage de guitare, purement indien, donne au riff une sonorité intrigante. John Paul Jones a écrit des parties pour cors d’harmonie et orchestre à cordes qui donne une classe et une puissance incomparables à l’ensemble. S’il ne fallait garder qu’un seul morceau de Led Zeppelin…
In The Light : un étonnant morceau progressif, avec des intermèdes de purs riffs zeppeliniens.
Ten Years Gone : Robert Plant repense à une femme qu’il aimait et qui a exigé de lui qu’il abandonne la musique à l’époque où il n’était pas connu. Le constat est tendre sur le sentiment passé, sans l’esprit de revanche auquel on pourrait s’attendre. Les sons de guitare sont tous absolument fabuleux et Jimmy Page nous tricote des arrangements d’orfèvre sur deux ou trois guitares solo jouées en harmonie vers la fin.
Night Flight :
Black Country Woman : Robert Plant enregistre sa partie vocale sur la pelouse. Un avion passe, bien audible et l’ingénieur du son lui demande dans le casque : “Qu’est ce qu’on fait ? On recommence ?” et Robert de répondre en riant : “ben non, on le garde”. Un beau festival de guitare acoustique et de mandoline.
Les concerts à Earls Court
Peu après la sortie de Physical Graffiti, le groupe donne une série de cinq concerts extraordinaires à Earls Court à Londres. Certaines de leurs interprétations dans ces concerts méritent d’être mentionnées.
Bron-Yr-Aur Stomp :
Kashmir :
Pour une raison mystérieuse, ce live n’est jamais sorti officiellement en album, encore moins en film mais il est possible d’en visionner presque tout le contenu sur YouTube, dans une qualité sonore et visuelle assez basse, il est vrai.
Le déclin de Led Zeppelin
Physical Graffiti et les concerts à Earls Court en 1975 sont généralement considérés comme le sommet de la carrière de Led Zeppelin. Après ça, on assiste à une longue descente aux enfers, tant du point de vue privé que du point de vue artistique.
Lors de vacances en Grèce, Robert Plant a un grave accident de voiture et c’est en fauteuil roulant qu’il fait les prises de chant de l’album Presence. Son extraversion et sa manne semblent s’en trouver fortement altérés. Les frasques éthyliques de John Bonham pendant les tournées atteignent des sommets. C’est également l’époque où Jimmy Page se mets aux drogues dures et la production de ce même album, Presence, en est grandement influencée. Le son est étrange et on n’a pas vraiment l’impression d’écouter un album de Led Zeppelin.
Le live officiel tant attendu !
S’il y a un groupe dont les concerts ont fait l’objet de disques pirates, c’est bien Led Zeppelin ! En perte de vitesse d’inspiration et pour gagner du temps, le groupe sort le film et l’album The Song Remains The Same, un live excellent de 1973.
Black Dog y est remarquable :
Mais Whole Lotta Love y révèle, au milieu du morceau (entre 5 mn 09 s et 10 mn 39 s), un boogie que le groupe fait s’envoler très haut. Remarquables interventions de Jimmy Page :
Epilogue
Puis arrive l’album In Through The Out Door qui, bien que contenant quelques morceaux intéressants, n’est pas vraiment un grand album de Led Zeppelin. Leurs concerts aux Festival de Knebworth en 1979 sont de bons concerts mais on est plus dans la célébration d’un âge d’or révolu qu’autre chose. Quelques semaines plus tard, John Bonham décède lors d’un coma éthylique plus poussé que les autres. Face à tous ces accidents de parcours à répétition, le groupe décide de se séparer. En effet, comment concevoir la perpétuation de Led Zeppelin sans la frappe de John Bonham ?
Chacun va suivre sa voie de son côté. Page et Plant se réuniront dans les années 90 pour faire un Unplugged qui ira droit au coeur des fans, tant anciens que nouveaux, du dirigeable. De reformations en concerts exceptionnels, avec John Paul Jones ainsi que Jason Bonham, le fils de John (qui a bénéficié dès son enfance d’un géniteur particulièrement inspirant à la batterie), la réputation de Led Zeppelin ira grandissant. Mais ces résurrections seront là pour rappeler que la grande époque de Led Zeppelin appartient désormais au passé, une époque révolue où ses membres étaient les maitres du monde du rock.
Le dernier coup d’éclat en date de cette saga se produira lors de l’Unplugged Page & Plant. Les deux compères y reprennent un morceau phare du dirigeable, Kashmir, en s’adjoignant les services d’un orchestre à cordes classique et d’un orchestre égyptien de musique traditionnelle. Monumental !