Le premier album de THE RED est certainement une grande réussite de musique country/folk. Pour ceux qui ne maitrisent pas la langue anglaise, son titre, Whatever Says the Clock, signifie « Quoi qu’en dise l’horloge ». Il se réfère à la chanson éponyme, déclaration d’amour qui contrairement à celle de Ronsard dans son « Mignonne allons voir si la rose », affirme que ni le passage du temps, ni les affres de la déliquescence physique n’auront raison de l’amour que l’auteur porte à sa belle, un amour transcendant qui voit directement dans l’âme aimée (« my love sees your soul and that’s all that I know »).
Mais c’est aussi dans le choix poétique des paroles des diverses chansons qui composent l’album que le chanteur se démarque. Les trois-quarts des chansons sont composées sur les textes de poètes irlandais et américains, comme la poétesse américaine Emily Dickinson, le poète de la Harlem culture Claude MC Kay, ou les poètes irlandais William Butler Yeats, George William Russell et Thomas Moore. Et les deux Wilde : le fils, Oscar, et la mère, Lady Jane, dont le talent parfois éclipsé par celui de sa progéniture n’en est pas moins fulgurant, elle qui fût une activiste de la cause irlandaise mais aussi de la cause féministe à une époque où cette dernière n’avait pas seulement du sens, mais était une nécessité vitale et dramatique.
Pour ce qui est du fils, c’est la chanson « The Ballad of Reading Gaol » qui le fait revenir parmi nous. Écrite en France à sa sortie de la prison de Reading Gaol, où Oscar Wilde avait purgé une peine de deux ans de prison pour homosexualité, la ballade raconte les derniers jours d’un homme condamné à mort, Charles Thomas Wooldridge, qu’Oscar avait pu observer pendant sa détention. Il fallait oser la mettre en musique.
Enfin, côté musique, THE RED est un guitariste hors pair, en plus d’avoir la voix de l’emploi, et les arabesques musicales qui sont tricotées dans les chansons enregistrées sur du matériel tout ce qu’il y a de plus vintage, vous enchanteront sans nul doute, et vous feront voyager dans les grandes étendues sauvages de l’Amérique encore libre, et les lacs féériques d’une Irlande libre à jamais.
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