Article publié en septembre 2018 dans le numéro 15 de Rebelle(s)
Sorte de Valéry Giscard d’Estaing réformiste, encore plus jeune (il avait 39 ans à son élection à l’Élysée), enfant ripoliné d’une bourgeoisie de pognon, Emmanuel Macron a le regard fixe et froid du lézard jupitérien imbu de lui-même. Il appartient corps et âme à une classe (le Tiers-Etat aisé) jusqu’à la caricature. Elevé par des jésuites les plus stricts (quand il rencontra le pape François, il n’oublia pas la bise de la soumission !), puis brillant énarque, Inspecteur des finances au service de la banque Rothschild (deux ans, comme associé-gérant), membre du Parti Socialiste de 2006 à 2009, adjoint du Président François Hollande lors de sa campagne victorieuse, après avoir été Ministre de l’Economie et des Finances, il donne sa démission et crée de toutes pièces un mouvement politique d’adhérents baptisés « En marche », dès 2016. Ensuite, profitant de la lente déconfiture annoncée de la candidature François Fillon, il ne participe pas aux Primaires, par choix tactique judicieux, et remporte néanmoins les élections présidentielles le 7 mai 2017 en écrasant sa dernière rivale, la conservatrice (réactionnaire?) Marine Le Pen (avec 66 % des suffrages exprimés). Il la surpasse dans un débat télévisé qui fera date devant l’Histoire.
Voilà bien l’itinéraire récent d’une réussite opportuniste, complète et éclatante. Cependant, l’homme, habile jongleur d’idées surtout philosophiques, demeure énigmatique sur sa nature profonde. Son mariage avec Brigitte Trogneux, professeur de Lettres classiques, son aînée de 24 ans, qui pourrait donc être sa mère comme modèle identificatoire, le rend encore plus insaisissable. Mais qui est-il au fond ? Et que peut décrypter le psychanalyste rebelle à son sujet ? Quand les rideaux du Réel seront levés, le scénario de la vérité n’aura pas fini d’étonner…
Enfant surdoué d’un couple de médecins aisés, perpétuel réformiste d’intention, Emmanuel Macron ne cessera jamais de consacrer sa vie au Dieu Mammon (qui personnifie les biens matériels dont l’homme se fait l’esclave).
Dans certains environnements familiaux plus que riches – celui d’Emmanuel Macron est de ceux-là – on se marie facilement et on divorce tout autant facilement. De toute façon, on s’incline volontiers devant la persuasion de l’argument capitaliste pour prendre une décision. Le libéralisme ultra n’a rien de très catholique sur ce plan. Ce qui est certain c’est que le bel Emmanuel au look d’éternel « bon chic bon genre bien élevé » apprit tôt à tenir compte, pour son avenir, des comptes bancaires de tous et de chacun, et de chacune. Sa biographie prouve qu’il ne recula devant nulle audace pour gérer sa propre surface commerciale ad hoc. Quant à ses primes amours, elles surent rejoindre les ambitions des adultes friqués de son milieu social à l’aise, sachant que l’argent ne peut qu’améliorer le bonheur, comme chacun sait.
Figure modèle enviée, issue d’une famille riche originaire du département de la Somme, Emmanuel Macron est volontiers présenté par les médias en France, grâce à de nombreuses émissions télévisées ou radiophoniques, comme une sorte de prodige innocent tombé du ciel de la Finance, en impeccable complet veston, et issu de la dernière pluie ambitieuse. In praxis, le jeune homme n’hésita guère à apparaître en magicien expert et à prétendre vouloir très tôt résoudre en même temps plusieurs problèmes épineux, surtout en gestion économique. Sur ce plan, sorte de Donald Trump aux petits pieds, Emmanuel Macron n’étonna personne dans son entourage proche en s’entendant plus tard avec l’actuel Président des Etats-Unis. Qui se ressemble s’assemble, surtout dans le royaume des fortunes affichées.
Le couple qu’il forme avec Brigitte demeure populaire, comme un lifting réussi. Personne, en fait, ne lui reproche d’avoir brisé l’entente d’une famille nombreuse et d’avoir éloigné le banquier, géniteur des 3 enfants de Brigitte…
Quoi qu’il en soit des apparences et de la Réalité, les épisodes de la jeunesse rayonnante et balzacienne de notre Président plaisent particulièrement à Paris-Match et aux lecteurs de Voici. Tout cela, en effet, rappelle à l’inconscient collectif de nos compatriotes l’affaire Gabrielle Russier qui émut en son temps même le Président Pompidou quand il apprit son suicide en 1969 à la suite de relations sexuelles avec l’un de ses élèves, adolescent de 15 ans en quête d’identification sur les planches de la vie.
D’une incontestable éloquence dont il ne tord jamais le cou, Emmanuel Macron a été « suspecté » longtemps d’avoir de fortes tendances homosexuelles mais il l’a démenti avec vigueur. Cette protestation ne l’a pas empêché de se faire photographier avec son épouse pour la fête de la musique lors d’une soirée «électro » avec des DJ en tee-shirt disant notamment « Fils d’immigrés, noir et pédé » ! Mais, après tout, Brigitte était présente aussi en veston rose, une main noire sur l’épaule…
Comme psychanalyste jungien, je ne peux m’empêcher de voir notre Président de la République tel un businessman jeune et dynamique, presque asexué à force d’élégance, et expert en communication souveraine et habile, compensant dans le sens jungien du verbe, par une hyperactivité spectaculaire et sans répit, une libido trop distante, voire probablement déjà indifférente. Mais Christian Rossi n’est pas Emmanuel Macron, bien évidemment. Et Brigitte n’est pas davantage Gabrielle Russier. Et puis, ce qui était interdit d’après la Loi au cours des années Pompidou ne l’est plus au 21ème siècle, puisque « notre » Président Macron lui-même a légalisé à 15 ans le passage à l’acte sexuel autorisé et consenti, entre une enseignante et un élève adolescent. Cela fait partie aussi des réformes, après tout.
La rentrée d’automne apportera-t-elle de nouveaux éléments, de nouvelles révélations, sur les mœurs du Jupiter énigmatique de l’Elysée ? De toute façon, comme l’écrivait André Gide, un des écrivains préférés du Président Macron : « On ne peut à la fois être sincère et le paraître ».
Jean-Luc Maxence