Lorsque Le Vasco nous apparaît, ce devait être en 2013, on se demande combien de secondes suffiront à ce que le groupe explose à la lumière, tant il réunit ce qu’il faut d’alchimie à une formation contemporaine. Le lancement de leur nouvel album est imminent, ils nous font patienter avec un Ep 3 titres : We’re Not Natural Anymore :’(
Loin de jouer les rock stars (ils n’en ont pas besoin), à demi paumés, résolument inventifs, ils semblent sortir hagards d’un labo lycéen. Oublions les apparences, l’équipage sait habilement piloter le vaisseau dont il a dessiné le fuselage. Toute drogue est inutile. La musique que nous balance Le Vasco est vivante, électronique et d’autant plus électrisante qu’elle est jouée live. Claviers, beatmaking, guitare et voix, c’est un quatuor pop-underground que l’on a pu voir évoluer au Petit Bain. « Every detail is real », répète Louise au micro avec lancinance comme pour s’en persuader. Les basses sont d’une puissance rare, la voix précise, l’ensemble singulier, à peu près indéfinissable. Warhol vivant, peu de doute qu’il aurait aimé les prendre sous son aile. S’il y a quelque chose de l’ordre du métissage musical, alors certes, chacun entendra les références qu’il souhaite entendre : de Pink Floyd à Crystal Castles en passant par Björk.
Punks sans cuir, « trip-hop » sans baggies, si ce n’est habillés, ils sont comme habités par une authenticité dont on espère qu’ils ne se déferont pas. C’est au public de venir à eux, pas l’inverse. Le Vasco propose. De clip en clip, au-delà des beats et lyrics chamaniques, leur univers s’étend jusqu’à l’image et l’informatique. Sans avoir à détruire, ils déconstruisent pour mieux donner forme, pixel par pixel, à un ordre nouveau où le kitsch asiatique-90’s-postmoderne se fait roi d’un territoire sobrement Rebelle.
Neo Koben