Quand REBELLE(S) imprimé sur papier et bien mal diffusé par M.L.P est remplacé par le WEBZINE REBELLE(S), sur le WEB de nos amours partagés et transfigurés par le numérique, la question qui émerge alors aux bords de nos lèvres masquées : combien de temps encore notre planète va-t-elle pouvoir vivre, aimer et durer ? « Ce sont amours que vent emporte / Et il ventait devant ma porte » écrit le poète. Mais cela n’a rien de rassurant, à vrai écrire. Chacun rêve d’immortalité et, confronté à l’obligation de disparaître du monde et de ses amis, la peur parle et envahit tout et l’âme tremble et le stylographe aussi. Saurons-nous nous maintenir à la hauteur des cinq premières années d’existence de notre magazine bimestriel ? De ses 27 premiers numéros ?
Certes, l’équipe des collaborateurs de R.B.L reste la même pour la version non imprimée, mais le public visé est plus périlleux à identifier, les réactions des lecteurs impalpables plus spontanées et énigmatiques ; même l’appel au soutien matériel n’est pas du tout le même ! Cependant, l’avenir est dans l’ordinateur de chacun et de chacune ! Désormais, la vente en kiosques est démodée et désuète, peut-être même hors course ! Dans les écoles comme dans les entreprises, le télétravail est au pouvoir et le virtuel est Roi, surtout contre les épidémies qui nous menacent.
Néanmoins, nous refusons plus que jamais à être des moutons de Panurge ou d’ailleurs, et nous restons fidèles jusqu’à la mort à notre cœur rebelle, jamais indifférents des injustices et des drames de nos sociétés à la dérive. Nous persistons à quêter un après Marx et un après tout capitalisme de profit. Refusant d’être hors de la mêlée humaine cherchant désespérément une fraternité salvatrice, nous nous situons sur la place publique, là où s’érigent les barricades qui bousculent l’indifférence des égoïsmes humains, collectifs ou individuels.
Jean-Luc Maxence