Selon la définition du Petit Robert, le terme « rebelle » regroupe trois notions distinctes : Un rebelle est celui ou celle qui ne reconnaît pas l’autorité du gouvernement légitime et se révolte contre lui.
Au sens littéraire, un ou une rebelle est aussi celui ou celle qui ne reconnaît pas l’autorité de certaines personnes ou de certains principes.
Enfin, le ou la rebelle est une personne qui ne cède pas, résiste, est réfractaire, hostile à quelque chose.
Le rebelle est donc dissident, insoumis, factieux, insurgé, révolté, mutin, désobéissant, indocile, opposé, fermé ou même récalcitrant.
Le rebelle se définirait ainsi toujours contre quelque chose, il serait immuablement enfermé dans la contestation, il ne se matérialiserait pas sous forme positive, mais uniquement comme force d’opposition. Il ne serait pas force de construction, mais force de destruction.
Tout tendrait à prouver que le rebelle n’est pas content par nature, prêt à s’opposer à toute forme d’autorité, simplement parce que par essence, le ou la rebelle y serait réfractaire.
Que nenni ! Il convient ici de s’interroger sur la notion de rébellion, sur son évolution à travers la société, la politique, la littérature, afin de comprendre que ses opposés, la docilité, l’obéissance, ou même la soumission, ne permettent pas toujours de faire avancer les choses.
Qu’il faut parfois savoir dire « non », pour progresser, quand la cause qu’on défend le mérite.
Il convient aussi de s’interroger sur la fausse rébellion, celle qui est rachetée par le marketing, et qu’on nous vend, à longueur de journée, partout et tout le temps.
Combien de fois a-t-on entendu tel ou tel artiste, personnalité publique, ou homme politique être qualifié(e) de « rebelle », pour vendre une œuvre, une marque de sous-vêtements, ou un programme ?
On l’a vu, le terme est connoté, galvaudé, mis au ban ou utilisé selon qu’il serve ou non à vendre une œuvre ou un produit. Tout comme la notion d’indignation, redevenue populaire par Stéphane Hessel.
Que reste-t-il de ce message, indignez-vous, aujourd’hui, en France ?
Qui aujourd’hui s’indigne réellement, et le fait suffisamment entendre ?
C’est en catimini, en cachette, que la rébellion demeure vivante, avec des tentatives d’échappatoire constituées par des œuvres contestataires comme par des modes d’existence différents.
La rébellion s’est, elle aussi, mondialisée, elle s’est disloquée, elle a explosé en atomes isolés.
Les rébellions d’aujourd’hui sont des îles, séparées par de vastes océans et sans la possibilité d’être reliées les unes aux autres.
Il y a toujours une cause injuste qui mérite qu’on en parle ; des œuvres et des auteurs méconnus ou oubliés qui doivent être déterrés ; de grandes figures tutélaires qui en leur temps, passé ou actuel, se sont rebellées et ont tenté de réfléchir par elles-mêmes, avec un esprit véritablement critique ; des rébellions sous forme de groupes, qui se forment et se déforment, autour d’appartenances communes, et qui permettent de créer du lien, parfois, contre la marche unique du monde.
Il y a toujours des rébellions qu’il est sain d’avoir.
Soyons rebelles, osons donc en parler.
Par Christophe Diard