Certains parlent de Galli-Gra-Seuil pour qualifier le manque d’ouverture du prix Goncourt aux autres maisons d’édition, d’autres, plus nuancés, regrettent l’absence des petites maisons au palmarès des grands prix littéraires. Il ne leur est pas formellement interdit d’y prétendre, mais la tache semble impossible.
C’est en partant de ce constat et de l’envie de mettre en lumière ceux restés jusque-là dans l’ombre, que fut créé en avril 2016 le prix Hors Concours. Cette initiative a pour ambition d’élire le meilleur texte littéraire publié par un petit ou micro éditeur afin de permettre aux libraires et au grand public de distinguer parmi le florilège de romans publiés chaque année celui qui sera jusqu’à l’automne prochain le représentant de l’édition indépendante. Car ce sont eux qui découvrent les auteurs de demain, osent publier des textes à risque économiquement mais dont la qualité et l’importance leur apparaissent comme irréfutables. Dans de petites structures à taille humaine, loin des grands groupes éditoriaux, souvent situés en province, ils épluchent consciencieusement les manuscrits reçus par la poste, nouent une relation proche et forte avec leurs auteurs dans une économie souvent délicate.
Sélectionnés par 300 professionnels du livre, parmi 50 romans et recueils de nouvelles publiés par des éditeurs indépendants, 8 textes finalistes très différents furent désignés, allant du roman noir au conte pour adulte, en passant par le réalisme magique et le récit intimiste. Un collège de cinq journalistes littéraires issus des grands médias représentant à la fois la presse papier, la radio, la télévision et internet délibéra ardemment afin de désigner le lauréat du premier prix Hors Concours.
Et c’est à l’issue de la soirée de remise du prix, le 9 novembre 2016, au sein du Centre National du Livre, au cours de laquelle le livre et les livres finalistes furent mis à l’honneur, que le roman Koumiko d’Anna Dubosc publié chez Rue de Promenades fut consacré.
Récit autobiographique, ce texte raconte la relation entre Koumiko, poétesse qui décline, et Anna, sa fille, qui doit faire face à cette nouvelle mère qui a remplacé l’autre sans vraiment crier gare.
Il faut signaler que cette soirée fut une franche réussite : chaque finaliste a pu entendre un extrait de son texte être lu, et chaque auteur a pu avoir la chance de présenter son œuvre.
Il se dégageait de cette cérémonie un profond respect de l’objet livre, de ceux qui les créent, qu’ils soient auteurs ou éditeurs.
Saluons ici le travail et l’énergie de Gaëlle Bohé, cheville ouvrière du projet, engagée et passionnée.
L’Académie Hors Concours sera dès l’an prochain ouverte aux mordus du livre souhaitant participer à la sélection des huit finalistes. Cette alternative réussie au prix Goncourt est déjà appelée à se développer car la mise en place d’un prix Hors Concours des lycéens fait actuellement l’objet d’une réflexion…
Fanny Durousseau