La pérennité de tout système dépend essentiellement de sa capacité à résoudre les dysfonctionnements persistants. Lorsqu’un système sature et ne parvient plus à trouver les solutions opérantes, deux voies s’ouvrent à lui: la désintégration ou la métamorphose. Pour Edgar Morin, notre système civilisationnel est arrivé à saturation. Au regard du risque nucléaire (Hiroshima, Tchernobyl, Fukushima), du problème de la famine dans le tiers monde, des conflits culturels, du fanatisme religieux ou encore de l’urgence écologique, on peut être en mesure d’envisager un pronostic vital engagé. La désintégration de notre système civilisationnel semble plus que probable.
L’improbable n’est pas à exclure
Non, l’improbable n’est pas à exclure. L’Histoire de l’humanité rapporte de nombreuses périodes troubles où les hommes sont parvenus à insuffler une métamorphose du monde. Il suffit parfois d’une innovation technique (l’agriculture, la sidérurgie, l’écriture, l’imprimerie, etc) ou d’une idée nouvelle en marge des idéologies dominantes. Avant de changer le monde, le christianisme n’était après tout qu’une idée sulfureuse en marge des institutions surplombantes de l’époque. On peut observer la même chose concernant le bouddhisme ou l’islam. N’oublions pas non plus que la science moderne s’est construite à partir d’esprits jugés hérétiques et parasitaires au XVIIe siècle à l’instar de Descartes ou de Galilée. C’est à force de résistance, d’innovation et de solidarité que l’humanité s’est transformée à travers le temps et l’espace.
Repérer les nouvelles espérances
Être rebelle ne signifie pas être révolutionnaire. Il ne s’agit pas de prendre les armes et d’imposer, un modèle politique. Au contraire, être rebelle implique de repérer les nouvelles espérances qui surgissent en dehors de courants idéologiques dominants et de les soutenir. Il existe dans notre société actuelle une effervescence créative issu d’en bas et non d’en haut. Nombreuses sont les initiatives locales, associatives, citoyennes, éducatives, artistiques, culturelles qui témoignent d’une possible métamorphose de notre monde.
Qu’il s’agisse de l’agroécologie de Pierre Rhabi, de l’économie collaborative (couchsurfing, covoiturage, habitat collectif, crowdfunding, peerto-peer, etc), de l’écogastronomie (slow food) ou même du Jediisme (mouvement religieux fondé sur les enseignements spirituels de l’univers science-fictionnel Star Wars), nous devons accepter et soutenir ces phénomènes comme de nouvelles raisons d’espérer. La crise mondiale que nous traversons est un moment opportun pour énoncer les vertus régénératrices et les voies réformatrices. Sachons abandonner et briser nos vieilles idoles pour mieux épouser les vertus marginales et rebelles de notre siècle.