Quand on lit l’autobiographie de Nile Rodgers (Chic), on est surpris d’apprendre que le Psychédélisme a eu une grande influence sur les musiciens noirs des 70’s. Puis ensuite, quand on écoute certains morceaux des Temptations et qu’on examine les fringues des Jackson Five par exemple, beaucoup de choses prennent du sens. Psychédélisme, Rock, Funk, Disco, Soul, etc. Tout se suit et se précède. Tout s’influence. La ségrégation c’est pour le citoyen lambda, pas pour les musiciens. Michael Jackson en donnera la preuve avec Beat It, mélange parfait de Rock et de Funk, avec un solo époustouflant de Sa Majesté Eddie Van Halen en personne.
Pour l’heure, on est en 1971 et les Temptations sortent Papa Was A Rollin’ Stone, un morceau audacieux qui réunit des arrangements sophistiqués et une instrumentation résolument Funk exécutée de main de maitre par les Funk Brothers, les musiciens de la Motown.
Tout commence avec une ligne de basse captivante qui sera répétée jusqu’à la fin du morceau de 12 mn sans presque aucune variation. A une époque où on enregistre sur des bandes magnétiques, en temps réel, et où le copier/coller est impossible, ça en dit long sur la maitrise technique du bassiste, Bob Babbitt. Des violons énigmatiques installent l’ambiance puis une guitare avec pédale Wah-Wah, jouée par Melvin « Wah-Wah Watson » Ragin, propulse le morceau dans la stratosphère pendant que la trompette de Maurice Davis enrobe tout ça d’une classe irrésistible. Et c’est parti pour une odyssée de 12 mn ! L’alternance de passages intimistes et de montées rythmiques irrésistibles en fait un défi pour les danseurs.
Les Temptations n’ont pas été emballés par cette version, habitués qu’ils étaient à être avant tout un groupe vocal où les chanteurs sont mis en avant. Toujours est-il qu’ils ont lancé un nouveau style avec ce morceau… Funk Orchestral ? Oui, on pourrait dire ça.
Quand on écoute par exemple Don’t Stop ‘Til You Get Enough de Michael Jackson (1979), I Want You de Marvin Gaye (1975), la version longue de Love to Love You Baby de Donna Summer (1975), on s’aperçoit que l’idée a grandement fait école !
William H. Miller
Le morceau :