En ce moment, un sujet titille, taraude : celui que nos amis « geeks » appellent le pr0n.
(Pr0n : variante informatique du porno pour placer le mot sans être censuré. Exemple : «il télécharge sans arrêt du pr0n.») La pornographie n’est jamais qu’un miroir grossissant de la société. C’est ce qui va au-delà de l’érotique montrable. C’est l’ineffable, l’obscène. Autant de sujets ou d’images dont les limites se déplacent suivant le temps et l’espace. Impossible d’éviter le pr0n de nos jours…
En Europe, où l’Église a eu longtemps un réel pouvoir sur tout le continent, le blasphème appartenait au domaine de l’obscénité. Quand Sade veut bien cesser de torturer ses personnages pendant cinq minutes, c’est pour leur faire lâcher un chapelet d’imprécations impies. La Religieuse de Diderot, hérésie au siècle des Lumières, a beaucoup perdu de son potentiel érotique et scandaleux à l’aune laïcisée d’un xxie siècle où l’image explicite est de mise, et où les gamins de ma cour d’immeuble ont appris avant moi ce qu’est un « bukkake ».
(Si vous avez plus de dix-huit ans, je vous laisse chercher par vous-même la signification de ce terme, mais si vous avez l’âme sensible, passez votre chemin.)
Bref, la pornographie, c’est quand on touche au tabou. Et c’est donc en cela qu’elle est très révélatrice des relations sociales. Au Japon, où la pire insulte envers un homme, «yarô», signifie homme bestial, non civilisé (pour une femme il s’agit de «busu», soit laideron, tout un pro- gramme), l’obscène se cache dans la pilosité – et aussi quand même un peu dans les parties génitales.
[RETROUVEZ LA SUITE DANS LA VERSION PAPIER DU N°1]
Par Ingrid Dextra