1978 est l’année où le disco se répand sur la planète et également celle où certains de ses hymnes s’installent pour de bon dans la mémoire populaire, peut-être pour toujours…
C’est aussi le moment où le showbiz américain blanc classique lui porte soudain un grand intérêt… financier. Je parle bien sûr de Saturday Night Fever ! Il aurait été dommage que ce mouvement du disco omette de se transformer en un beau paquet de dollars pour l’industrie musicale. Évidemment, ces gens-là n’y comprennent rien et font le travail comme des sagouins. Pourquoi choisir comme emblème pour un film sur le disco un groupe de blancs anglo-australiens comme les Bee Gees alors qu’une pléthore de grands groupes noirs du cru existent déjà ? Parce que c’est plus vendeur vis-à-vis du grand public. Pourquoi choisir les mêmes Bee Gees pour composer l’essentiel de la musique du film, reléguant les Trammps à la valeur d’une face B alors que les morceaux d’anthologie du disco sont déjà légion ? Parce que c’est par la composition et l’édition musicale que fonctionne la planche à billets. Et je ne parle même pas du scénario inspiré par un article de Nick Cohn qui avouera des années plus tard n’avoir jamais mis les pieds dans les boites disco de Manhattan et avoir tout inventé de toutes pièces. Toujours la même histoire, comme avec le jazz, le blues, le rythm ‘n’ blues et la country, l’Amérique semble incapable de reconnaitre sa véritable et principale grandeur : ses artistes authentiques, et préfère populariser des ersatz douteux et aseptisés. Avant d’obtenir le succès planétaire avec son roman Sur La Route, Jack Kerouac devait probablement passer pour un loser aux yeux de l’américain moyen.
Ceci étant dit, si on prend soin de considérer Saturday Night Fever comme un film de fiction pure, c’est un bon film, vraiment intéressant mais ce n’est en aucun cas un document sociologique sur le vrai disco. Il constitue plutôt sa dilution en images d’Épinal et, d’une certaine manière, le début de sa fin.
Et les Bee Gees sont un grand groupe, le problème n’est pas là. J’aurais seulement aimé trouver une interview où ils disent simplement « merci » à ceux dont ils se sont inspirés… Comme les Stones en leur temps avec les bluesmen auxquels ils doivent tout, leur organisant même une seconde carrière bien plus fructueuse que la première !
William H. Miller
Les inévitables :
Les authentiques artistes disco de ce film :