L’apport du psychédélisme et de la génération hippie dans le disco est largement sous-estimé. Pourtant, il est évident quand on y regarde bien. Les paroles de certaines chansons prônent ouvertement une fraternité universelle et l’amour comme valeur existentielle centrale. Plusieurs musiciens de disco, dont Nile Rodgers de Chic, ont longtemps opéré dans le genre psychédélique et font partie des premiers hippies noirs.
Mais là où la musique hippie valorisait un retour à la nature, le disco, lui, est résolument urbain. C’est sur les pistes de danse que la libération est censée s’opérer.
Rien d’étonnant alors à ce que le disco ait rassemblé un panel représentatif des laissés pour compte de l’American Way of Life : les noirs, les gays et les femmes qui y ont acquis un statut de diva. Le macho américain classique n’y est célébré qu’à travers un humour teinté de dérision et les Village People deviendront les champions de ce type de parodie bien sympathique.
Et surtout, surtout, les acteurs du disco vont y créer un système de production qui n’avait rien à envier, du moins dans le principe, aux coopératives agricoles hippies.
Voilà comment s’élaborait l’existence typique d’un morceau de disco. Le matin, les compositeurs présentaient aux musiciens une de leur création. Les musiciens travaillaient dessus et l’enregistraient. Les arrangeurs étoffaient le morceau avec des cordes, des cuivres, etc. On en pressait quelques singles dans l’après-midi et on les donnait aux DJs des discothèques. Ceux-ci les passaient dans la nuit et observaient les réactions des danseurs puis renvoyaient les infos aux producteurs. Si la réaction des danseurs était enthousiaste, on sortait le morceau en single et en radio. Si la réaction était négative, on laissait tomber. Evidemment, quand le show biz blanc américain s’empara du mouvement, ce système tomba en désuétude…
Pour paraphraser la célèbre phrase de Lincoln : c’était à l’origine une musique du peuple, par le peuple et pour le peuple.
Mélange de danse et de rêve hippie d’amour universel, Love Train fera long feu et sera repris de bien des manières, en « dance » et aussi par les Rolling Stones !
En 1974, Rock The Boat devient un standard de discothèques.
Barry White, encore lui, revient avec un morceau qui restera un de ses plus célèbres.
Shirley & Co s’installe dans la mémoire collective avec un morceau contagieux et une présentation scénique pour le moins originale.