De la fée électricité à la “watture”(1) ; du progrès à la mauvaise écologie
Depuis des mois, la lente conversion des élites à la fée électricité monte en tension. Reniant sans vergogne le dieu pétrole qu’elles ont vénéré pendant des décennies, elles invitent leurs peuples à s’adonner sans réserve à la libératrice énergie électrique. Il est néanmoins à craindre que les critères qui ont présidé à cibler ce nouvel eldorado se révèlent ultérieurement tout aussi toxiques que ceux qui ont conduit à l’accumulation de gigantesques gisements de pétrodollars et à la multiplication de dommages humains et environnementaux irréversibles. Un des chapitres les plus édifiants de cette nouvelle épopée tient à l’irruption de la voiture électrique dans un paysage européen où la « bagnole » concentrait plusieurs représentations de la liberté, de la mobilité, du progrès, de la technique… très chères aux générations d’Après-Guerre. Il n’est pas contestable que cette relation passionnelle a engendré une cécité certaine sur les dégâts dont les automobiles et plus largement les dispositifs consommant des énergies fossiles, sont à l’origine. Ils sont aujourd’hui avérés et évalués à l’aune de nombreux critères parmi lesquels figurent 40.000 décès attribuables chaque année à une exposition durable aux particules fines, auxquels s’ajoutent 7.000 morts attribués aux oxydes d’azote. À cette dimension morbide, s’ajoutent les 3,5 milliards d’euros 2 – 1.602 euros par habitant – que coûtent à la ville de Paris la pollution liée aux transports 3. Il est donc légitime que les décideurs de tous poils, aiguillonnés par l’activisme des écologistes et les constats des institutions de recherches et de protection de l’environnement, s’investissent dans l’élaboration et le déploiement de projets visant à limiter les impacts négatifs des activités humaines contemporaines.
C’était l’idée du siècle pour combattre les effets des émissions de CO2 résultant de la combustion de carburants raffinés à partir du pétrole par les moteurs des véhicules thermiques. Ce texte 4 du 8 juin 2022 interdisait à partir de 2035 la vente de voitures particulières neuves et de véhicules utilitaires légers neufs à moteur essence ou diesel, E85, GPL, GNV et hybrides, même rechargeables, seuls les véhicules neufs pour particuliers et utilitaires 100 % électriques et ceux alimentés par une pile à hydrogène pourraient être vendus. Ainsi, le Parlement européen frappait effectivement un grand coup et concrétisait un engagement opérationnel du « Plan Vert pour l’Europe » visant la neutralité climatique en 2050.
D’un seul coup, un boulevard s’ouvrait aux véhicules électriques qui peinaient à s’imposer. Si l’électrique est devenu la nouvelle norme automobile pour les Norvégiens dont 80 % des nouvelles immatriculations de véhicules particuliers neufs ont, en 2022, concerné des voitures électriques, elles en ont représenté seulement 9 % en moyenne dans l’Union européenne et 13,3 % en France. Nombre de constructeurs et de sous-traitants – fabricants de batteries, de bornes de chargements… – se sont précipités sur cette manne inattendue, annonçant des investissements importants pour produire de nouveaux modèles conformes à la future réglementation. Las. Ceux-là même qui, il y a quelques mois, avaient poussé à la roue pour cette transition, notamment des élus et des constructeurs allemands, suivis par quelques édiles et concurrents italiens, polonais ou bulgares, moins engagés dans la reconversion vers la « watture », ont mis un peu d’eau dans leur vin pour rappeler aux élus européens qu’il existait une alternative crédible à l’électricité. En effet, les carburants de synthèse, appelés également « e-fuel », produits à partir de l’eau soumise à une série de processus chimiques, peuvent être utilisés par les moteurs thermiques et les réacteurs d’avions. Ce revirement ne manquait pas de surprendre, à plus d’un titre. Il est avéré que les vertus environnementales et la disponibilité des carburants de synthèse sont problématiques et que leur coût est prohibitif – estimé au double du prix de l’essence – surtout dans un contexte inflationniste dont les effets sur les revenus des ménages risquent de se prolonger. Les auteurs de cette volte-face ont également évoqué la crainte des sous-traitants automobiles allemands, en majorité des entreprises de tailles moyennes, de se trouver progressivement privés d’activité, les fabricants de voiture électrique rapatriant peu à peu des tâches dans leur escarcelle. D’autres ont alerté sur les conséquences sociales du tout électrique qui vont toucher les salariés de l’industrie automobile, 12,5 millions d’emplois en Europe et près de 400.000 en France, dont certaines commencent à se concrétiser par les suppressions de postes massives annoncées par les industriels du secteur. D’autres enfin, notamment en France, font allusion aux craintes des commerçants des centres-villes concernés par la création de Zones à Faibles Émissions (ZFE) où la circulation des véhicules polluants sera interdite… entrainant la désertion de leurs clients.
Le 28 mars dernier, le psychodrame a pris fin par un accord confirmant l’interdiction originelle assortie d’une disposition autorisant la « réimmatriculation » des moteurs à explosion utilisant exclusivement des carburants « 100 % e-fuel », neutres en termes d’émissions de CO2. Cette victoire du lobby du carburant synthétique, auquel se sont ralliés les spécialistes des voitures de sport luxueuses tels que Ferrari et Porsche, a été arrachée sous la menace de graves tensions politiques internes en Allemagne, Cette décision a été vivement critiquée par plusieurs acteurs du secteur estimant, qu’elle fragiliserait les chances de l’Europe de s’imposer sur le marché de l’électromobilité en laissant grande ouverte la porte au moteur à combustion et que le critère du « 100 % e-fuel » serait difficile à contrôler. Nombre d’observateurs considèrent l’e-fuel comme une « solution de niche » du fait de son coût économique et environnemental, et affirment d’une part qu’il sera en priorité utilisé par d’autres secteurs comme les transports aérien ou maritime qui n’ont pas d’autres solutions pour se décarboner et d’autre part que l’avènement du moteur électrique, porté par les milliards d’investissements déjà décidés par les constructeurs, était irréversible. Pour certains il n’est pas exclu que cette « saga » connaisse d’autres rebondissements.
Quoi qu’il en soit, d’autres problèmes devront être résolus pour que le véhicule électrique s’impose sans drame. Il s’agit notamment de l’augmentation du coût des matières premières nécessaires à la production de batteries, du renchérissement du prix de l’électricité, de la cherté des tarifs d’acquisition et d’usage de la « watture » – une voiture électrique coûte deux fois plus cher qu’une voiture thermique – ou du risque de porter atteinte à la souveraineté énergétique des pays ne disposant pas de gisements de métaux nécessaires à la fabrication des batteries. Dans ce registre s’ajoutent les impacts économiques et sociaux que risque de générer l’agressivité des politiques d’électrification menées par la Chine et les Etats-Unis. Ces pays proposent déjà des mesures attractives pour que les grands constructeurs implantent leurs sites de production de véhicules et de batteries sur leur territoire plutôt qu’en Europe.
Par ailleurs, sans être un sociologue expert des mobilités, il semble évident que le rapport culturel, presque charnel, que nombre de citoyens européens entretiennent avec la voiture traditionnelle risque de perturber la généralisation de la watture. La presse allemande a qualifié la question de « combat de civilisation ». Les observateurs français font valoir que les mesures qui touchent à l’automobile peuvent engendrer de violents rejets, comme ce fût récemment le cas avec les gilets jaunes, les portiques routiers ou les bonnets rouges… d’autant plus que les politiques d’aménagement du territoire et d’urbanisme ont favorisé le « tout voiture » et soutenu le développement de zones d’activité en dehors des centres-villes, sans le compenser par une offre de transport en commun.
Afin d’éviter de prendre un retard suicidaire, convaincus que l’électrique finira par s’imposer, certains observateurs pressent gouvernements et industriels de réviser leurs approches, notamment celles concernant l’interdiction de la circulation dans certaines zones, la mise sur le marché de modèles plus accessibles que ceux qui ont été initialement présentés, l’amélioration de l’autonomie des batteries, la multiplication des bornes de chargement…
IMPÉRITIES, IMPOSTURES ET DUPLICITÉ
Dans cette affaire, les décideurs ont parfaitement appliqué la recette de la mauvaise écologie : imposer d’en haut la contrainte avant l’alternative. Chasser les voitures des villes est une bonne idée, à la condition de déployer d’autres formes de mobilité : TER, transports en commun, parkings-relais, covoiturage, vélos…
Cet imbroglio révèle les impérities et les impostures qui caractérisent la gestion de l’énergie. Plus largement, il en dit long sur la vision du monde qui habite les décideurs, sur les valeurs qui les animent et sur le respect qu’ils portent aux « communs ». L’un des anciens dirigeants de la plus grande compagnie pétrolière française n’hésite pas à dire que « nous en sommes toujours aux discours sans actions » 5, joignant sa critique à celles qui dénoncent le « green-washing »6 pratiqué sans scrupules par les gouvernements et les multinationales du secteur.
La gestion des énergies renouvelables est un exemple convaincant de la duplicité de ceux qui font et défont l’avenir de la planète et de ses habitants avec un mépris qui n’a d’égal que l’importance des bénéfices qu’ils réalisent. Leur « objectif » affiché de longue date de réduire les énergies fossiles et d’investir dans leur remplacement par des énergies dites « renouvelables » ou « durables » est en fait un rideau de fumée derrière lequel ils continuent d’extraire leurs profits de l’extraction et du raffinage du pétrole.
Nombre de faits valident ces critiques :
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les États tirent une bonne partie de leurs recettes fiscales de la vente des énergies fossiles, à l’image de la France où 60 % de ces recettes proviennent des taxes perçues sur la vente d’essence et de gazole à la pompe,
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en 2022, les subventions et baisses d’impôt sur les énergies fossiles ont doublé dans le monde, pour dépasser les 1.000 milliards de dollars 7. Les pays dits avancés sont très largement responsables de cette flambée, avec les mesures prises pour protéger consommateurs et entreprises de la flambée des prix du gaz, du pétrole, du charbon, provoquée par la reprise post-Covid et par l’invasion de l’Ukraine et ses conséquences. Ce contexte à d’ailleurs conduit à une augmentation de 7 % de la production européenne d’électricité à partir de charbon,
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début 2023, les associations de défense de l’environnement Les Amis de la Terre France, Oxfam France et Notre Affaire à Tous ont assigné en justice le groupe BNP Paribas 8, concernant le soutien financier à de nouveaux projets de développement des énergies fossiles, fondés sur le non-respect de la loi sur le devoir de vigilance des multinationales promulgué en 2017, obligeant certaines multinationales à « prévenir les atteintes graves envers les droits humains, la santé et la sécurité des personnes ainsi que l’environnement » en lien avec leurs activités. La banque est même accusée d’être « le premier financeur européen et cinquième mondial du développement des énergies fossiles entre 2016 et 2021 » à hauteur « de plus de 142 milliards de dollars alloués au secteur depuis l’accord de Paris »…
L’histoire de l’électricité est une longue succession de contradictions et de défaillances de ce type. Si l’on peut penser que Edwin L. Drake, auteur le 27 août 1859, de la première extraction de pétrole par forage en Pennsylvanie (USA), considérait que sa découverte allait constituer un grand pas pour l’humanité, on peut s’étonner du manque de circonspection dont on fait preuve les différents acteurs qui ont encouragé la généralisation de l’exploitation pétrolière et la conversion de l’industrie mondiale à l’usage de l’or noir. Au cours du 20ème siècle, son extraction a augmenté de 5 % par an en moyenne, soit une multiplication par 84 au cours du siècle, avec une très nette accélération après 1945. Mais l’accroissement de la production et de la consommation de cette huile minérale composée d’une multitude de composés organiques piégés dans des anfractuosités géologiques, a aussi entraîné et provoque à chaque étape de sa production, un vaste processus de contamination des milieux et des corps. Cette trajectoire vertigineuse aurait dû interpeller tous ceux qui savent, qu’à l’instar des arbres qui ne montent pas jusqu’au ciel, les gisements de pétrole ne sont pas sans fonds, comme toutes les énergies dites fossiles. De même, à l’aune des divers chocs pétroliers qui ont frappé la planète lors des années 1970, certains experts en prospective étaient probablement capables d’anticiper la dépendance qu’impliquait le recours massif à une énergie dont quelques pays et quelques grandes compagnies apatrides spécialisées détenaient le monopole et se partageaient les gigantesques profits tirés de son traitement. Cette vaillance entrepreneuriale, attisée par le développement connexe de la consommation, imposera quelques sacrifices du côté du respect des droits de l’homme – et de la femme – qui travaillent le précieux or noir, et du côté de l’attention portée à la préservation de l’environnement. Il était pourtant patent que le pétrole, dont la production relativement bon marché constituait une aubaine pour le développement des économies d’après-guerre, n’était pas éternellement renouvelable.
Cette évidence sera tardivement actée par le consensus établi autour de l’inéluctable date à laquelle la production de pétrole conventionnel diminuerait, en l’occurrence les années 2025 ou 2030, même si de nouveaux gisements peuvent encore être découverts. À ce stade, les experts les plus avisés ont commencé à sérieusement s’interroger sur la pertinence et la pérennité de l’addiction pétrolifère. Dans un premier temps, les perspectives proposées par ces éclaireurs ont été considéré comme des fantasmes d’écologistes peu raffinés. Dans un deuxième temps, l’accumulation de signaux alarmants aidant, le dédain à fait place à un début d’inquiétude, partagée par un nombre croissant d’observateurs. Ensuite le processus de prise de conscience s’amplifiera, suivi de remises en question générées par la violence de certains effets directs de la production et de la consommation de pétrole. Ainsi du long feuilleton des marées noires et autres accidents affectant des plateformes de forage, des tankers de transport et autres raffineries contaminant des régions entières et provoquant déforestations, pollutions de l’eau, pollutions de l’air par rejet de différents gaz et substances aussi toxiques qu’invisibles et inodores, mortels agents d’une pollution rampante (poumons, flores, faunes… ) Ces armes de destruction massive ont notamment été, directement et indirectement, disséminées par l’explosion du trafic de véhicules dits thermiques, devenu la principale source de pollution urbaine depuis les années 1970. En 2018, 8,7 millions de décès prématurés constatés dans le monde étaient liés à la combustion des énergies fossiles9.
L’HEURE DE LA TRANSITION A TARDIVEMENT SONNÉ.
L’ensemble de ces atteintes a conduit les élites concernées à enfin sonner le tocsin et à siffler l’heure de la désormais impérative « transition énergétique ». Tardive et molle, cette bascule sémantique a néanmoins contribué à détourner les regards des champs de pétrole pour les porter vers les sources d’électricité, réputées à ce stade moins polluantes.
Ainsi, l’humanité est invitée à rallumer sa passion pour la « fée électricité » dont Raoul Dufy célèbrera les bienfaits en figurant ses 108 « géniteurs » vedettes sur une toile – longtemps la plus grande du monde – qui illuminera l’Exposition universelle de Paris en 1937. Sur un mur du hall du Palais de la Lumière et de l’Électricité, édifié par Robert Mallet-Stevens sur le Champ-de-Mars, le tableau constitue un hymne à la science, à la technique, à l’industrie, il célèbre le rendez-vous de la fée électricité avec le progrès. Elle éclaire, réchauffe, transforme la vie quotidienne, dans les campagnes et les villes, fait tourner les usines, relie les hommes entre eux grâce au développement du transport ferroviaire et leur permet de communiquer par la radio et le phonographe. Rares à l’époque furent ceux qui restèrent à distance de l’unanime fascination ambiante. Paul Morand se permit cette audace en osant faire remarquer que « l’Électricité, on l’accumule, on la condense, on la transforme, on la met en bouteilles, on la tend en fils, on l’enroule en bobines, puis on la décharge sous l’eau, sur les fontaines, on l’émancipe sur les toits, on la déchaîne dans les arbres ; c’est un fléau, c’est la religion de 1900 »10. Son credo fut vite étouffé par les zélateurs de la production électrique tous azimuts, illustrée par l’accélération des implantations de barrages et de centrales hydroélectriques, thermiques, puis atomiques, accompagnées d’un cortège de déclinaisons de la motorisation de la société, de l’industrie, des transports et de nombre de machines qui vont envahir la vie quotidienne des citoyens. Près de 90 ans plus tard, la question est des savoir si la fée électricité est en mesure de renouveler son rendez-vous avec le progrès ? Décarbonation, sécurisation de l’approvisionnement, réduction des gaz à effet de serre, stabilité des prix, souveraineté … l’électricité seule est-elle capable de résoudre ces questions déterminantes pour l’avenir de l’humanité et de la planète.
LE CONTRÔLE DES PRODUCTEURS DE WATT-DOLLARS.
Il n’est pas contestable que les élites cherchent une voie de sortie susceptible de mettre fin à la petro-addiction, mais il est curieux de constater que la même unanimité un peu aveugle qui a conduit à adorer l’or noir, se reproduise pour la fée électricité. En effet, les signaux sont nombreux qui interrogent sur la capacité des sociétés à venir, de ne plus de nouveau dépendre d’une énergie qui est en train de trouver ses nouveaux émirats et ses producteurs de watt-dollars. Quelles garanties offrent ces empires énergétiques qui, tout en continuant d’exploiter le pétrole, promettent d’accompagner la transition énergétique de manière plus responsable et conforme à l’intérêt général ?
Pour 2022, l’ensemble des géants de l’or noir ont cumulé plus de 140 milliards d’euros de bénéfice, dont 19 milliards d’euros pour le seul groupe pétrolier français Total Energies, le plus élevé de son histoire. Même le président américain, Joe Biden, a jugé « scandaleux » ces « profits records » ; il a évoqué un alourdissement de la fiscalité de la partie de ces profits utilisée pour procéder à des rachats d’actions afin d’en faire progresser le cours préférant fidéliser ainsi leur actionnariat, plutôt que d’investir dans le développement des énergies renouvelables.
Ces performances sont sans aucun doute dues aux talents des dirigeants de ces compagnies, mais ils résultent au moins autant de la hausse des prix du pétrole et du gaz, elles-mêmes générées par l’embargo imposé aux produits énergétiques Russes, qui a entraîné une raréfaction de l’offre et une hausse des prix de ces produits. Cette situation florissante aurait pu permettre aux responsables de ces compagnies de s’acheter une conduite encore plus vertueuse que celle que leur « greenwashing »11 tente d’inculquer aux décideurs et aux citoyens. Il eut en effet été convenable d’indiquer que les profits réalisés seraient massivement et rapidement investis dans l’accélération de leur reconversion vers des énergies vertes. Apparemment le directeur général de BP ne l’entend pas de cette oreille qui a annoncé début février que son Groupe, déçu par le retour sur certains investissements dans les énergies renouvelables, prévoit d’adopter une stratégie d’énergies vertes « plus étroite »12… Pourtant, les engagements des pétroliers dans ce domaine demeurent modestes : en 2021, BP et Shell y ont consacré 12 % de leurs dépenses d’investissements et les 20 plus gros acteurs du secteur un peu plus de 9 milliards d’euros, en particulier pour de l’éolien en mer et du solaire, plus du double par rapport au niveau de 2020, mais toujours moins de 4 % » des investissements de ces entreprises dans les activités d’exploration-production. Tant que les majors du pétrole gagnent de l’argent avec les hydrocarbures, elles continuent de miser dessus et le pétrole reste la première source d’approvisionnement en énergie dans le monde, devant le charbon et le gaz.
Il est probable que les États et les entreprises du secteur, malgré les décisions et les comportements évoqués plus haut, finiront par faire ce qu’ils disent. Mais, au-delà du contrôle des actes de ces as du profit, il restera à maîtriser d’autres mutations tout aussi lourdes.
Les opinions semblent acquises à une évolution de leur consommation au profit d’énergies plus sobres d’une part, plus respectueuses de l’environnement d’autre part, Elles risquent cependant de déchanter au fur et à mesure qu’elles réaliseront les conséquences du passage au tout électrique. L’exemple de la voiture électrique condense tous ces effets secondaires cachés par l’électrique. Certains experts alertent sur l’ampleur et la complexité des défis qu’une telle rupture induit, les plus pessimistes affirmant que : « l’échec de la transition est en train de s’écrire sous nos yeux »13.
1 Néologisme contractant les dénominations de la voiture traditionnelle et de la voiture alimentée par le watt électrique
2 https://www.ecologie.gouv.fr/pollution-lair-quel-impact-sur-sante-des-francais
3 https://www.citepa.org/fr/2020_10_b11/
4 https://www.europarl.europa.eu/news/fr/press-room/20220603IPR32129/soutien-a-l-objectif-de-zero-emission-pour-les-voitures-et-camionnettes-en-2035
5 https://atlantico.fr/article/decryptage/loik-le-floch-prigent-la-crise-energetique-s-attenue-mais-pas-l-impact-tragique-qu-elle-a-eu-sur-l-industrie-francaise-gaz-energie-centrales-nucleaires-edf-anticipation-entreprises-choix-reformes-solutions-france
6 Technique de marketing et de communication visant à promouvoir une image de marque plus responsable, éthique et écologique qu’elle ne l’est en réalité
7 https://www.iea.org/reports/world-energy-outlook-2022/key-findings
8 https://affaire-bnp.fr/
9 https://www.sciencedirect.com/journal/environmental-research
10 Paul MORAND, 1900, Editions de France, 1931
11 Expression anglo-saxonne qui pourrait être traduite par « lavage verdissant » et désigne les discours d’adhésion à la pensée écologiste prononcé pour améliorer une image et à des fins marketing
12 https://www.wsj.com/amp/articles/bps-ceo-plays-down-renewables-push-11675249471?mod=latest_headlines
13 https://www.lemonde.fr/idees/article/2023/01/09/le-secteur-automobile-s-electrifie-a-vive-allure-mais-avec-les-recettes-du-passe_6157107_3232.html