Pierre MICHON appartient à cette catégorie d’auteurs dont l’œuvre quantitativement modeste, recèle de vrais bijoux qu’il porte très discrètement. Auteur d’une quinzaine d’ouvrages, c’est la parution en 1984 des VIES MINUSCULES qui le font sortir de l’ombre dans laquelle il était contenu, aux marges de la société, proche de la marginalisation. Il dit d’ailleurs que le succès de ce livre l’a « sauvé ». Ce sauvetage va lui permettre de se consacrer à l ‘écriture d’ouvrages dédiés ou inspirés par ses « héros ». Parmi eux figure RIMBAUD, dont il éclaire des facettes méconnues de la poésie, mais aussi le facteur Joseph ROULIN, modèle de Vincent VAN GOGH ou encore le peintre CORENTIN et son tableau représentant le Comité de salut public de la Révolution française, l’un et l’autre purs fruits de l’imagination de MICHON. Quelques distinctions notoires viennent couronner cette œuvre condensée, dont le Prix de l’Académie Française, institution sans doute très impressionnée par la qualité d’une « langue » qui accorde subtilement la prose et la poésie, le sens et la musique. La parution d’un « Cahier Michon » aux Éditions de l’Herne, place MICHON au panthéon de cette collection qui a couronné les plus grandes figures de la littérature et de la pensée. Cette dernière monographie convoque les plus grands noms de la critique universitaire, de l’histoire, de l’art, de l’anthropologie, de la géographie… qui, par leur diversité, révèlent l’amplitude du champ d’investigation de MICHON et la qualité de son écriture. Les amateurs de Pierre MICHON, comme ceux qui lui sont moins familiers, y trouveront par ailleurs nombre d’inédits ou textes rares de l’écrivain : premiers écrits mais aussi variantes, passages supprimés, chapitres retranchés, tous « victimes » de l’exigence de l’auteur qui opte pour le fragment fulgurant et l’inachèvement.
Patrick Boccard